L’Arabie saoudite annonce son premier grand programme nucléaire : le début d’une course aux armes nucléaires au Moyen-Orient ?

Après avoir accueilli le G20 il y a trois ans et dépensé sans compter dans les plus célèbres joueurs de foot pour se faire une place sur la scène internationale, l’Arabie saoudite veut désormais devenir un acteur nucléaire de premier plan.

Pourquoi est-ce important ?

L'Arabie saoudite renforce son influence internationale, investissant massivement dans là où elle peut obtenir un maximum d'attention mondiale. Elle établit des liens forts avec l'Occident, la Russie et la Chine. Un programme nucléaire pourrait renforcer sa position.

Dans l’actu : L’Arabie saoudite veut développer un programme nucléaire, le premier de son histoire.

  • « Le royaume a récemment pris la décision de révoquer son protocole sur les petites quantités et de passer à la mise en œuvre d’un accord de sauvegarde complet (CSA)« , a déclaré lundi le ministre saoudien de l’Énergie, le prince Abdulaziz ben Salmane, lors de la conférence annuelle de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).
  • Jusqu’à présent, l’Arabie saoudite ne disposait que d’un petit réacteur nucléaire non opérationnel. En utilisant le CSA, le royaume pourrait activer ce réacteur. Il deviendrait alors le second pays arabe avec un programme nucléaire, après les Émirats.
  • Ce faisant, l’Arabie saoudite promet des contrôles plus stricts pour les inspecteurs de l’énergie nucléaire. Elle ne sera plus exemptée des inspections de l’AIEA pour les pays possédant peu ou pas de matériel nucléaire.
    • « Nous avons signé un accord pour que l’Arabie Saoudite fournisse à l’AIEA des officiers professionnels juniors, marquant une étape importante en matière d’expertise et de coopération nucléaires », a écrit sur X le directeur de l’AIEA, Rafael Grossi.

Vers une course nucléaire avec l’Iran ?

Sous le radar : L’annonce du ministre de l’Énergie saoudien suscite des inquiétudes sur les intentions nucléaires de l’Arabie saoudite.

  • Le prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane, a prévenu par le passé qu’il suivrait l’Iran si ce dernier développait des armes nucléaires.
  • Toutefois, le fameux CSA est un accord avec l’AIEA qui permet de vérifier que le nucléaire d’un pays sert uniquement à des fins pacifiques. Il autorise des inspections pour éviter la création d’armes nucléaires.
  • Sauf qu’en théorie, un pays pourrait très bien essayer de contourner le CSA, généralement en menant des activités nucléaires secrètes ou en cachant certains sites ou matériaux aux inspecteurs de l’AIEA.
    • Cependant, cela serait une violation de l’accord. L’AIEA utilise des techniques avancées et des inspections inopinées pour détecter toute activité suspecte. Contourner le CSA entraînerait de graves conséquences diplomatiques et possiblement des sanctions internationales.
    • C’est le chemin qu’a décidé de prendre l’Iran. Depuis que Donald Trump a retiré les États-Unis de l’accord nucléaire iranien en 2018, Téhéran n’a pas tardé à augmenter ses niveaux d’enrichissement d’uranium, à la base des armes nucléaires.
    • L’Arabie saoudite pourrait donc faire fi du CSA pour se « protéger » contre son rival iranien. In fine, ces armes nucléaires lui apporteraient plusieurs avantages : une dissuasion contre les menaces extérieures, y compris les tensions religieuses avec l’Iran, et un renforcement de sa sécurité nationale. Mais si Riyad décide de prendre cette route, elle pourrait aussi se mettre à dos les économies occidentales.
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