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Après Wagner, Gardservis : le président biélorusse aussi veut son armée privée

Après Wagner, Gardservis : le président biélorusse aussi veut son armée privée
La 5e brigade de forces spéciales de Biélorussie à l’exercice. (Photo by Stringer/Anadolu Agency via Getty Images)

Le président biélorusse arme et entraine les membres d’une entreprise de sécurité favorisée par le régime comme nouvelle force spéciale. Pour contrôler sa population ou pour harceler les Ukrainiens ?

Pourquoi est-ce important ?

La guerre en Ukraine a remis en pleine lumière une pratique qui existe depuis la plus haute antiquité : le recours aux mercenaires. Les agences privées comme Wagner offrent à certains gouvernements peu scrupuleux des garanties que n'ont pas toujours une armée régulière.

L’actualité : le président biélorusse Alexandre Loukachenko semble bien faire d’une compagnie de sécurité privilégiée une véritable troupe de combat d’élite.

Triés sur le volet pour leur fidélité au régime

  • Gardservis est la seule compagnie de sécurité privée de Biélorussie autorisée à porter des armes ; il faut dire qu’elle a les faveurs du régime, auquel elle sert de soupape de sécurité en cas de coup dur depuis sa fondation, en 2020.
  • Ce corps privé était destiné à servir, ou plutôt sévir, durant les élections (largement truquées) de 2020, « en cas de scénario défavorable à Loukachenko », selon la chaîne de télévision allemande Deutsche Welle. Gardservis recrute ses membres parmi d’anciens agents des forces de l’ordre, en les sélectionnant sur leur fiabilité et leur fidélité au régime.
  • Ces gardes du corps du pouvoir seraient, selon des sources issues de l’opposition biélorusse, en train de devenir une unité de combat à part entière, sur le modèle du Wagner Group russe.
  • Selon Valery Sakhashchyk, un associé de la leader en exil de l’opposition Sviatlana Tsikhanouskaya et lui-même ancien commandant dans l’armée du pays, Gardservis a considérablement augmenté le nombre de ses employés ces derniers jours, et pourrait même dépasser les 1.000 personnes. Ils s’entraînent sous la supervision des officiers de la 5e brigade des forces spéciales. Il estime que ces gardes sont préparés au combat, et qu’ils pourraient dorénavant être utilisés dans des actions de sabotage ou d’assaut.

« La préparation et le recrutement du personnel se déroulent depuis plusieurs mois. Des officiers, des enseignes, des sergents et des soldats ayant servi dans les forces d’opérations spéciales et les départements des forces spéciales ont été ajoutés au personnel. »

Valery Sakhashchyk

Les nouveaux prétoriens de Loukachenko ?

On peut émettre différentes hypothèses pour justifier la création d’un tel corps de troupe, vraisemblablement bien équipé et trié sur le volet :

  • Le régime de Loukachenko se fissure depuis les élections truquées de 2020, et l’invasion de l’Ukraine par la Russie n’a fait qu’accentuer la relégation des autorités au rang de pantins de Poutine. La population est très hostile à toute intervention en Ukraine, et les sabotages des infrastructures utilisées par les Russes se sont multipliés. Des Biélorusses combattent d’ailleurs dans les rangs ukrainiens.
    • Loukachenko espère peut-être pouvoir compter sur Gardservis pour tenir en main sa propre armée, voire pour le protéger en cas d’une tentative de révolution ou de coup d’État.
  • Une autre possibilité est que ces troupes ne sont pas préparées à intervenir dans le pays, mais en Ukraine. Ils serviraient de troupes d’assaut et d’infiltration fiable, comme Wagner pour les Russes.
    • L’armée biélorusse n’est pas de taille à attaquer une Ukraine bien préparée. Mais des troupes spéciales fidèles au régime pourraient tenter des raids, obligeant les Ukrainiens à maintenir plus de troupes en état d’alerte à leur frontière nord. Une pression supplémentaire sur Kiev, moins risquée pour Minsk qu’une attaque frontale.
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