Après un long combat, le flamand pourra enfin être enseigné en France

Après 18 ans de négociations, le gouvernement français a accepté de rédiger une circulaire qui inscrit le flamand à la liste des langues régionales. Celui-ci avait en effet été inexplicablement oublié, alors que l’engouement semblait réel dans les actuels Hauts-de-France. A Rijsel (Lille), l’Institut de la Langue Régionale Flamande se réjouit, mais il reste beaucoup à faire avant que cette langue soit officiellement enseignée.

« La langue de la République est le français », proclame la Constitution de nos voisins hexagonaux, et ce, dès le premier alinéa de son deuxième article. Un texte qui a donc longtemps rejeté au rang de folklore régional les – nombreuses – autres langues parlées sur le territoire français, comme le basque, le breton ou l’occitan. Mais les choses ont changé depuis le 5 septembre 2001 et la publication de la première circulaire sur l’enseignement des langues régionales qui offre une bouffée d’air à des idiomes auparavant fort mal considérés.

Le Nord ? Vlaamse grond

Sauf que la liste ne comprenait pas le flamand. Pourtant, notre première langue nationale par le nombre de locuteurs a toujours fait partie du paysage hexagonal, dans le Nord et le Westhoek français, et elle reste indissociable de l’histoire de villes telles que Rijsel (Lille) ou Dunkerque, à l’étymologie très équivoque. Le français ne s’est finalement définitivement imposé comme langue courante qu’assez récemment, dans la première moitié du XXe siècle. Et encore, car la frontière n’a jamais été étanche, et après 1918, de nombreux Belges néerlandophones, parfois réfugiés de guerre, sont partis s’installer dans le Nord de la France avec leur langue.

Cet oubli du flamand motivera la fondation, en 2004, de l’Institut de la Langue Régionale Flamande, chargé de populariser son enseignement en collaboration avec l’éducation nationale française, rapporte la RTBF. Un combat qui a porté ses fruits : le président français Emmanuel Macron a fini par accepter de rédiger une nouvelle circulaire qui attribuerait le statut de langue régionale au flamand.

Un oubli corrigé

« Le Gouvernement et le ministère de l’Éducation Nationale ont compris et fini par accepter l’inscription du flamand occidental dans la circulaire ré-écrite à laquelle nous avons beaucoup participé. Le nouveau Bulletin Officiel du ministère de l’Education Nationale est paru aujourd’hui et pour la première fois, le FLAMAND OCCIDENTAL Y EST INSCRIT !!! Nous allons maintenant pouvoir travailler avec le Rectorat pour préparer le développement de l’offre d’enseignement du flamand », peut-on lire sur le site web de l’Institut de la Langue Régionale Flamande.

Trouver des enseignants

Reste maintenant à créer des structures et à trouver des enseignants, car si l’engouement des jeunes d’un peu partout en France pour leurs langues régionales est bien réel, il faut encore tout mettre en place pour que leur apprentissage soit possible. En Flandre française, un projet-pilote avait bien été lancé dès 2008, mais celui-ci s’est interrompu en 2019, faute d’enseignants. Il faut aussi mettre sur pied un conseil académique des langues régionales, rédiger une convention État-Région et créer un office public du flamand occidental, selon l’Institut.

Verra-t-on dans les prochaines années des Belges venir enseigner aux Français les intonations particulières d’un pan non négligeable de la culture du Nord ? On est en droit de se poser la question, car c’est peut-être là un nouveau débouché qui s’ouvre pour nos professeurs de langue.

Plus