Pas simple de suivre Elon Musk face à la quantité d’informations qu’il génère dans les médias. La presse francophone n’a d’ailleurs pas relevé ses récentes déclarations face à un lieutenant général de l’US Air Force.
Cette discussion au coin du feu (ou presque) a eu lieu la semaine dernière à l’occasion du Space Pitch Day, dans le Missile Systems Center de San Francisco, en Californie.
Elon Musk fait face à John Thompson, un lieutenant-général de l’US Air Force. Devant une salle remplie de pilotes de l’armée de l’air, le militaire tente de savoir si Musk ‘a des idées novatrices sur la façon dont le combat aérien peut être révolutionné’.
Pour le milliardaire, ‘l’ère des avions de combat est révolue. L’avenir appartient au drone de combat. Ce n’est pas ce que je veux, mais c’est ce qui va se passer.’ Les pilotes de chasse doivent-ils dès lors trouver un autre emploi?
Musk dézingue le F-35
Elon Musk a également évoqué des machines qui surpasseront les humains et le développement de l’intelligence artificielle. Mais le milliardaire ne croit pas que le rôle de l’homme soit pour autant révolu. Il se montre par contre très critique contre le F-35, la dernière machine de guerre de l’aviation américaine.
Bloomberg a récemment épinglé 871 manquements pour cet avion dernier cri. La Belgique, après de nombreuses discussions, a commandé 34 de ces appareils pour un montant avoisinant les 4 milliards d’euros. Ils devraient débarquer en Belgique d’ici 2025. À une autre échelle encore, l’Armée de l’air américaine a annoncé en octobre dernier avoir passé commande pour 478 exemplaires.
Pour Elon Musk, cet appareil construit par Lockheed devrait avoir un concurrent: ‘C’est un sujet controversé, mais je ne pense pas qu’il soit bon d’avoir un seul fournisseur.’ Il a ensuite poursuivi la discussion sur Twitter: ‘Le concurrent devrait être un drone piloté par un humain, mais aux capacités augmentées par une intelligence artificielle. Un F-35 n’aurait aucune chance.’
L’armée américaine doit faire attention
Le PDG de Tesla et SpaceX s’inquiète de la concurrence: ‘Ce n’est pas quelque chose qui représentait un risque dans le passé, mais c’est un risque maintenant. Si les États-Unis n’innovent pas dans la recherche spatiale, il n’y a aucun doute qu’ils occuperont la 2e place’. Musk se méfie particulièrement de la Chine, dont il estime que l’économie va dépasser ‘de 2 à 3 fois’ l’économie américaine. ‘Le fondement de la guerre est l’économie’, a déclaré Musk. ‘Si vous disposez de la moitié des ressources du camp adverse, vous feriez mieux d’être vraiment innovant, si vous n’êtes pas innovant, vous allez perdre’.
De quoi donner des velléités d’investissement à celui qui a révolutionné la voiture électrique et le secteur aérospatial? Pour le coup, Musk arrive surtout une guerre en retard. L’intelligence artificielle, les drones… l’industrie militaire ne l’aura pas attendu: outre son pays, la Chine, la Russie et Israël sont tous sur la balle.
Avec près de 900 milliards de budget pour la seule année 2020, la Défense américaine n’est pas complètement naïve. Elle a d’ailleurs développé Alpha, une intelligence artificielle qui a déjà battu des pilotes expérimentés. Un pilote en témoigne d’ailleurs au cours de la conférence: ‘J’ai été surpris par la manière dont elle était consciente et réactive. Elle semblait être consciente de mes intentions et réagir instantanément à mes changements en vol et à mes déploiements de missiles. Alpha est vraiment l’intelligence artificielle la plus agressive, réactive, dynamique et crédible que je ai jamais vue.’