Après 16 ans comme chancelière, Angela Merkel fait un pas de côté, et l’Allemagne doit se trouver un nouveau visage. L’occasion pour la France de renforcer son influence sur l’Europe. Voire pour Emmanuel Macron d’incarner la nouvelle ère à venir. S’il passe l’épreuve de ses propres élections nationales.
Une page se tourne pour l’Union européenne avec le retrait annoncé de la chancelière allemande Angela Merkel et, inévitablement, c’est un nouveau chapitre qui commence. Et celui-ci pourrait bien être marqué du sceau tricolore, voire de celui plus personnel du résident actuel de l’Élysée, Emmanuel Macron.
Carsten Brzeski, économiste en chef pour le département allemand d’ING considère que la France place ses pions pour détrôner l’Allemagne en tant que puissance dominante au sein de l’Union: « En ce qui concerne Macron, nous voyons déjà des tentatives timides de prendre le leadership en Europe, avec des interventions lorsqu’il s’agit de débats européens sur les règles fiscales. L’Allemagne est actuellement trop occupée par elle-même pour s’en soucier réellement, mais un leadership français fort sans contrepoids allemand n’a jamais été fort apprécié à Berlin. »
Règles plus souples, à la française
Alors que la France voudrait assouplir les règles concernant les déficits budgétaires et les niveaux de dette par rapport au PIB des États membres, l’Allemagne s’est toujours opposée à ce genre de mesure. Pour les Français, le retrait de Merkel permettrait d’ouvrir une opportunité favorable pour peser plus sur les réformes des normes de l’Union.
Une occasion d’autant plus concrète que la France présidera l’UE en 2022. Mais qui pourrait se voir contrecarrée par l’agenda politique propre à l’Hexagone: l’année prochaine se tiendra l’élection présidentielle, et donc un nécessaire report de l’attention au sein des frontières propres à la France, pour Emmanuel Macron. Qui ne peut d’ailleurs être totalement certain de sa réélection. Les derniers sondages de Harris-Interactive, effectués du 10 au 13 septembre dernier, placent bien le président sortant en tête des intentions de vote avec 23 à 30% des suffrages, mais Marine Lepen le talonne avec 22 à 29% des voix. Or, la liste complète des candidats au premier tour de la présidentielle n’est pas encore connue, loin s’en faut. Mme Lepen elle-même rencontre des soucis pour financer sa campagne et en appelle à un changement des règles.
Présidentielle à l’horizon
« Cela laissera moins de temps pour des initiatives fortes de leadership européen, même si la France aura la présidence de l’UE l’année prochaine », convient M. Brzeski. « Je suppose que le véritable cas d’école viendra après les élections françaises, au cas où Macron serait réélu. Nous pourrions alors assister à une tentative plus forte de s’emparer du leadership européen. Cela donne à tout prochain chancelier allemand environ un an pour se sentir à l’aise dans les chaussures de Merkel. »
Une offensive macronienne à la tête de l’Europe à relativiser toutefois, car le mandat présidentiel n’est pas extensible et un président ne peut plus se représenter s’il a déjà accompli deux mandats consécutifs. Cela donne donc 5 ans à Macron pour marquer l’Union de son empreinte, à supposer qu’il soit réélu… Et que la France, secouée comme souvent de mobilisations diverses, le lui en laisse le temps. A noter toutefois que rien ne l’empêcherait de se représenter encore après cinq ans de la présidence d’un successeur ou d’une successeure.
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