Après la Russie, l’Allemagne veut briser sa dépendance chinoise: « Ici, il n’y a pratiquement pas de sites de production indépendants de la Chine »

Le début de la guerre en Ukraine a été le déclic pour que l’Allemagne se mette à se défaire de sa dépendance énergétique à l’égard de la Russie. Désormais, Berlin voit même plus loin: elle se rend compte que ses liens vis-à-vis de la Chine sont aussi – si ce n’est plus – problématiques.

Ce n’est pas un secret: depuis fin février, l’Allemagne travaille à bâtons rompus pour faire disparaître sa – très lourde – dépendance vis-à-vis de la Russie pour son énergie. Mais ce n’est pas la seule puissance de l’est dont elle dépend. Actuellement, sur le plan des matières premières, elle ne serait plus rien sans la Chine. Elle en prend conscience et souhaite faire évoluer la situation. C’est en tout cas ce qu’a confié à Euractiv Franziska Brantner, députée du Bundestag (membre du parti écologiste allemand) et secrétaire d’État parlementaire au ministère de l’Économie.

« Pendant trop longtemps, nous avons simplement fonctionné selon le principe d’acheter là où c’est le moins cher, et ce sont souvent des matières premières qui viennent de Chine « , a-t-elle concédé. « Ici, il n’y a pratiquement pas de sites de production indépendants de la Chine. Pour de nombreuses terres rares, cette dépendance est même de presque 100%. »

« Mondialisation équitable et durable »

Si elle veut se défaire de la Chine, l’Allemagne n’a toutefois pas l’intention de se refermer sur elle-même. Elle vise plutôt à diversifier sa chaîne d’approvisionnement, en cherchant de nouveaux partenaires à travers le globe, via ce que l’écologiste allemande appelle une « mondialisation équitable et durable » – à savoir l’application de normes de durabilité à l’extraction de matières premières aussi élevées en Allemagne que dans les pays partenaires. Franziska Brantner se rendra d’ailleurs bientôt en Amérique du Sud en vue d’y promouvoir une coopération économique renforcée dans le domaine des énergies renouvelables et des matières premières.

Bien sûr, Berlin compte également énormément sur ses voisins européens. Sa volonté de mettre fin à la dépendance vis-à-vis des matières premières chinoises est partagée à l’échelle de l’Union, où près de deux ressources sur trois qu’elle considère comme critiques sont extraites en Chine.

La Commission européenne travaille actuellement sur sa propre proposition d’indépendance stratégique pour les matières premières critiques – la loi sur les matières premières. A priori, celle-ci devrait comporter des investissements pour augmenter l’extraction des matières premières sur le Vieux continent, tout en misant sur la diversification des chaînes d’approvisionnement et l’augmentation des investissements dans les pays tiers. Une stratégie pour laquelle plaide l’Allemagne.

Une réduction de la consommation globale de matières premières et une multiplication des efforts pour les recycler sont également des solutions sur la table.

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