La fin de la hausse des taux est proche. Les perspectives des hausses des taux ne vont donc plus influencer le marché (et provoquer des baisses des cours). Comment réagira alors Wall Street, et quels éléments pourraient influencer les cours ?
Le flashback : la peur du grand méchant Powell.
- Tout au long de 2022, la Fed, avec ses hausses des taux d’intérêts, a eu un effet sur les marchés. Un effet baissier surtout : Wall Street interprétait toutes les données économiques sous la lumière de « elles donnent une raison à la Fed d’élever les taux d’intérêt ».
- Les taux d’intérêt plus élevés veulent dire plus de frais pour les entreprises, et donc moins de marge.
- Cette année, cette optique avait disparu, avant de revenir vers la mi-février, lorsque le recul de l’inflation avait ralenti. Wall Street imaginait alors que plus de taux étaient nécessaires que ce qui était estimé en début d’année.
- Aujourd’hui : la fin des taux semble dorénavant de plus en plus proche. Le stress autour des banques (sous pression à cause des taux d’intérêt, entre autres) y est pour quelque chose.
Si ce n’est plus la Fed, qu’est-ce qui va influencer les marchés ? Voilà la question que s’est posé DataTrek Research, dans une note consultée par Markets Insider.
- « Nous entrons dans un monde ‘post-Fed’, où les décisions de politique monétaire seront moins importantes pour la psychologie du marché », écrit Nicholas Colas de DataTrek. Il note que « les investisseurs surpondèrent la peur de la perte » : « ayant souffert de l’évolution du marché l’année dernière, ils resteront probablement frileux, même si nous entrons dans un nouveau paradigme d’investissement. »
Il liste quatre éléments et tendances qui pourraient avoir un impact sur le marché.
Bénéfices des entreprises
- Colas explique que les chiffres d’affaires et bénéfices sont restés élevés en 2022, malgré la hausse des taux. Au premier trimestre de cette année, ils seraient d’ailleurs toujours un cinquième plus élevé que la moyenne de 2018-2019, soit avant la pandémie.
- Mais la tendance devrait désormais s’inverser. Les bénéfices et chiffres d’affaires devraient baisser de 10% sur l’année 2023, par rapport à 2022.
- L’impact des taux plus élevés ne se fait en effet pas toujours sentir dans l’immédiat.
- Colas n’est pas le seul à prédire une récession des chiffres d’affaires. Mike Wilson, stratège en chef de Morgan Stanley, souligne depuis des mois que les bénéfices vont chuter. Il estime que le S&P 500 pourrait perdre jusque 25% d’ici la moitié de l’année, en conséquence de cette baisse.
Moins de corrélation entre les secteurs et les actions
- En période de risques et de baisses, toutes les actions d’un secteur sont mises dans un même panier – c’était notamment le cas pour la tech en 2022, par exemple. Cette tendance est en train de s’inverser et ce découplage devrait continuer à l’avenir, remarque Colas.
- La crise bancaire a cependant immédiatement pesé sur toutes les actions bancaires. Il y a encore du chemin à faire.
- Résultat de ce changement de point de vue : la volatilité sur le marché est en baisse.
Le dollar faible
- Le dollar a été une des grandes forces de 2022. Il a écrasé d’autres monnaies comme l’euro. Mais la donne est en train de changer : la fin de la hausse des taux est proche aux États-Unis, mais ailleurs, cette fin n’est pas encore à l’horizon. D’autres monnaies feront ainsi leur comeback.
- Une aubaine pour les marchés autres que Wall Street. « Les marchés considèrent la baisse du billet vert comme un signal fort indiquant que les investisseurs mondiaux voient de meilleures opportunités en dehors des États-Unis », continue Colas.
Plus d’attention ailleurs
- Comme les marchés ne seront plus fixés sur chaque mot de la Fed et chaque donnée économique qui pourrait laisser prédire la politique des taux d’intérêt, d’autres événements prendront plus d’ampleur, continue le rapport. La crise bancaire qui a commencé avec l’effondrement de Silicon Valley Bank il y a plus de deux semaines, par exemple.
- Ce lundi, après l’annonce de rachat de parties de SVB par First Citizens, les marchés repartent à la hausse.
- Mais ce changement d’optique pourrait encore prendre plusieurs mois, « au moins ».