Le plan de l’Allemagne pour rivaliser avec les USA et la Chine rejeté par la Commission : « Il faut une concurrence loyale au sein de l’UE »

La semaine dernière, le gouvernement allemand a annoncé un plan visant à proposer une tarification de l’électricité spéciale pour son industrie. Il n’aura pas fallu longtemps pour que la Commission européenne s’y oppose.

Pourquoi est-ce important ?

Suite à l'entrée en vigueur de l'Inflation Reducation Act (IRA) aux Etats-Unis, les autorités européennes tentent de trouver des mesures qui permettront de soutenir l'industrie locale. A leur échelle, certains pays essaient d'avancer plus vite, et plus efficacement. C'est notamment le cas de l'Allemagne, qui semble (encore) souhaiter faire cavalier seul.

Dans l’actu : Simson n’approuve pas le plan de l’Allemagne.

  • Dans une interview accordée au Financial Times, la Commissaire européenne à l’Energie Kadri Simson a fait part de son opposition au plan annoncé la semaine dernière par le gouvernement allemand.
  • Berlin a dit avoir l’intention de proposer un prix de l’électricité spécifique pour l’industrie allemande.

Les explications : en quoi consiste l’initiative de Berlin ?

  • La semaine dernière, le ministre allemand de l’Economie Robert Habeck a dévoilé les grandes lignes d’un plan qui doit permettre à l’industrie allemande de profiter de tarifs avantageux sur l’électricité.
  • Grâce au faible coût de l’électricité issue du renouvelable, les entreprises allemandes devraient pouvoir ficeler des « contrats d’achat d’électricité directs » avantageux avec des acteurs de l’éolien et du solaire, estime le gouvernement allemand.
    • « Les avantages des installations d’énergie renouvelable, qui produisent de l’électricité à un coût compris entre 0,05 à 0,09 euro par kilowattheure, doivent être répercutés sur les entreprises en fonction du contexte géographique », a affirmé Habeck.
  • Toutefois, Berlin est conscient que ses capacités en matière de renouvelable ne sont pas encore suffisamment développées que pour pouvoir mettre en place ce système rapidement. En attendant, à court terme, l’idée est de plafonner les prix de l’électricité pour l’industrie nationale.
  • Ce plan est principalement destiné à aider les entreprises allemandes à concurrencer leurs rivales américaines (soutenues depuis peu par l’IRA) et chinoises (qui bénéficient depuis longtemps de bas prix pour l’électricité).

« Privilégiez les propositions de la Commission »

La réaction de Bruxelles : c’est non.

  • Pour Simson, le plan allemand ne doit pas voir le jour. « Nous devons tenir compte du fait qu’il doit y avoir une concurrence loyale dans l’UE », a-t-elle confié au FT.
  • Selon elle, seules les propositions avancées hier par la Commission doivent être suivies. À savoir principalement « des systèmes de tarification prévisibles à long terme sur cinq à dix ans » pour l’électricité produite à partir de sources d’énergie renouvelables (ou bas-carbone) plutôt que le soutien des contribuables.
  • Pour l’instant, Berlin s’est contenté de dire qu’il allait examiner « en détail » les propositions de Bruxelles, mais qu’il soutenait de toute façon toute initiative permettant de profiter des « avantages du renouvelable ».
  • D’autres pays se sont déjà montrés plus critiques, estimant qu’une réforme complète devait être mise en œuvre. Selon eux, ces mesures sont trop légères que pour éviter de voir les prix s’envoler comme ce fut le cas l’année dernière.

Le contexte : l’Allemagne agace.

  • Dans cette crise énergétique, ce n’est pas la première fois que le gouvernement allemand tente d’aider son industrie en faisant fi du contexte européen.
  • L’an dernier, Berlin s’est ainsi attirée les foudres de Bruxelles (et de certains de ses voisins) en déployant un gigantesque plan à 200 milliards d’euros visant à soulager les entreprises et les ménages face à la flambée des prix.
Plus