Il pleut des indicateurs économiques négatifs sur l’Allemagne. C’est également une mauvaise nouvelle pour l’économie belge, car beaucoup de nos entreprises sont des fournisseurs de l’économie allemande.
Dans l’actu : Le nombre de permis de construire pour des logements allemands a diminué de 30% en mars par rapport à l’année précédente, selon l’agence de statistiques Destatis.
- Ces nouveaux chiffres confirment le déclin du secteur allemand de la construction et de l’immobilier.
- Destatis attribue cette forte baisse au coût élevé des matériaux de construction et à la hausse des taux d’intérêt qui rend difficile le financement des projets de construction.
Autres mauvaises nouvelles : hier encore, l’indice allemand ZEW, une enquête mensuelle d’experts sur le climat économique, a chuté plus que prévu en mai.
- « Les experts des marchés financiers s’attendent à une aggravation de la situation économique déjà défavorable au cours des six prochains mois », explique le professeur Achim Wambach du centre de recherche ZEW.
- Comme Destatis, le ZEW se réfère à l’attente de nouvelles hausses de taux d’intérêt de la part de la Banque centrale européenne. La politique de la BCE en matière de taux d’intérêt semble donc nuire gravement à la première économie de la zone euro.
Stagnation
La prévision : une quasi-stagnation d’ici à 2023.
- La Commission européenne s’attend à une croissance d’à peine 0,2% en Allemagne cette année, contre 1,8% l’année dernière. « L’économie allemande s’adapte à l’interruption de l’approvisionnement en gaz en provenance de Russie et au choc qui en résulte pour les prix de l’énergie », écrit la Commission.
- Dans ce contexte d’instabilité, le gouvernement Scholz a récemment décidé de sortir définitivement du nucléaire, ce que la plupart des Allemands considèrent comme une erreur.
La grande question : effet temporaire ou affaiblissement structurel ?
- La Commission européenne prévoit un retour rapide de l’Allemagne en 2024, avec une croissance économique attendue de 1,4%. Mais tous les économistes ne partagent pas cet optimisme.
- « La baisse du pouvoir d’achat, l’épuisement du carnet de commandes dans l’industrie manufacturière, l’impact du resserrement le plus agressif de la politique monétaire depuis des décennies et le ralentissement attendu de l’économie américaine sont autant d’éléments qui plaident en faveur d’une activité économique faible », écrit Carsten Brzeski, économiste chez ING.
- « En plus de ces facteurs cycliques, la guerre en Ukraine, les changements démographiques et la transition énergétique en cours exerceront une pression structurelle sur l’économie allemande dans les années à venir », poursuit-il. « Tout cela ne signifie pas que l’économie allemande restera en récession dans les années à venir. Mais cela signifie que la croissance restera au mieux modérée et que le flirt avec la stagnation se poursuivra ».