On a appris en début de semaine que l’OMC autorisait l’UE à prendre des mesures de rétorsion contre les États-Unis pour des aides accordées à Boeing. Des sanctions que Washington appliquent déjà en réponse à des subventions reçues par Airbus. Les réactions politiques qui ont suivi laissent peu de place au doute quant à la suite des événements entre les deux blocs commerciaux. À moins que…
‘Les États-Unis imposent des sanctions à l’Europe au titre de ce fameux conflit entre Boeing et Airbus. L’OMC nous permet de riposter et en retour Donald Trump a déclaré sans ambages qu’il continuerait’, a résumé le ministre français des Finances, Bruno Le Maire, sur BFMTV ce vendredi.
Le décor est planté, le match peut commencer.
‘L’Europe a la possibilité de riposter, les Américains doivent s’y préparer. Nous en avons le droit et la force’, a poursuivi le ministre français.
‘S’ils (les Européens, NDLR) ripostent, nous riposterons encore plus fort. Ils n’ont aucune envie de le faire. Je peux vous le dire’, avait déclaré un peu plus tôt le président américain, Donald Trump, qui ne refuse jamais une séance de musculation verbale.
Avions, ketchup, patates VS fromage, vin et whisky
L’Union européenne n’a toutefois pas encore franchi le cap. Elle devra pour cela attendre le 26 octobre au plus tôt, date prévue pour réunion de l’organe de règlement des différends (ORD), pour éventuellement déposer une liste des produits américains sur lesquels sera appliquée une hausse des droits de douane. Les avions de Boeing, le ketchup et les patates douces seraient dans le collimateur de l’UE.
Pour rappel, l’Organisation mondiale du commerce (OMC) a autorisé l’Union européenne à taxer pour 4 milliards de dollars des produits américains importés, soit l’équivalent des dommages occasionnés par les subventions américaines à Boeing.
À l’inverse, les États-Unis sont eux autorisés à surtaxer pour 7,5 milliards de dollars de produits européens depuis l’année dernière. Le vin français, le fromage italien ou encore le whisky écossais figurent la liste noire américaine.
Dans un sens comme dans l’autre
Preuve que le conflit peut encore se résoudre de manière amicale: il y a quelques jours, les USA ont proposé de renoncer à leurs taxes si Airbus acceptait de rembourser des milliards de dollars selon les calculs de Washington. Dans l’autre sens, l’Union européenne avait adressé en juillet 2019 une première proposition d’arrangement dont la réponse lui est récemment parvenue. ‘Nous sommes prêts à poursuivre ces discussions’, a-t-on entendu dans les rangs européens.
Preuve que le conflit peut encore se muer en bras de fer: la révision américaine a, elle, été jugée totalement inacceptable en l’état, des proches du dossier à la Commission européenne jugeant même la proposition ‘insultante’. Plus qu’une note apaisante, celle-ci pourrait même avoir participé à mettre de l’huile sur le feu.
Les deux camps n’ont donc pas encore renoncé à une résolution à l’amiable, mais ils se préparent tout de même au bras de fer. Celui-ci aura-t-il lieu si Donald Trump, grand amateur de cette discipline sportivo-diplomatique, n’est pas réélu le 3 novembre prochain? Réponse au prochain épisode.