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La Chine flirte avec les limites et fournit du matériel à la Russie pour toute une armée

La Chine flirte avec les limites et fournit du matériel à la Russie pour toute une armée
L’expertise chinoise en tenues de protection attire de mystérieux clients plutôt typés occidentaux. (Photo by Guo Haipeng/VCG via Getty Images)

La Chine joue l’illusion de la neutralité, mais dans les faits, elle soutient la Russie dans sa guerre de plus en plus mal embarquée en Ukraine. Elle livre du matériel en jouant sur les ambiguïtés pour éviter les sanctions, et y gagne au passage un marché pour ses produits sans véritable concurrence, ainsi que de l’énergie à très bas prix.

Pousser le « non létal » dans ses derniers retranchements

Les faits : la Chine représente une faille de taille dans l’embargo que l’Occident veut imposer à la Russie. Et ça n’est pas qu’une question économique : malgré l’évidente ligne rouge que ça représente, l’Empire du Milieu rééquipe l’armée russe.

  • En février dernier, le secrétaire d’État américain Antony Blinken avertissait la Chine que toute aide matérielle « létale » à la Russie représenterait une limite à ne pas franchir. « Il y a toute une série de choses qui entrent dans cette catégorie, des munitions aux armes elles-mêmes » ajoutait Blinken.
  • Depuis avril toutefois et la grande fuite de documents des « Pentagon Leaks », il n’y a plus vraiment de mystère : les Russes reçoivent des livraisons « discrètes » d’un matériel qui passe pour civil, mais sert bel et bien l’armée.
  • Il faut dire que les Chinois savent tordre autant que faire se peut le concept « d’aide non létale ». Ils livrent en priorité des gilets pare-balles et autres équipements de protection, mais aussi des drones qui peuvent être utilisés pour diriger des tirs d’artillerie ou larguer des grenades, et les viseurs optiques thermiques qui permettent de cibler l’ennemi la nuit. Et selon Politico, les quantités livrées seraient suffisantes pour rééquiper une bonne partie des combattants russes.
  • Pékin livre aussi des technologies à double usage, comme des pièces de rechange qui peuvent tant servir dans le monde civil que pour un but militaire. De quoi éviter des sanctions secondaires de la part des USA ou de l’UE, du moins jusqu’ici.

Un camp bel et bien choisi

Depuis le début de l’année, la Russie a importé de Chine pour plus de 100 millions de dollars de drones, liste le média américain, qui a eu accès aux données douanières entre les deux pays. De même, les exportations chinoises vers la Russie de céramique, un composant utilisé dans les gilets pare-balles, ont augmenté de 69 % tandis qu’elles ont chuté dans des proportions similaires à destination de l’Ukraine. Ce n’est donc pas le profit qui motive Pékin, qui favorise bien un des deux camps. Mais c’est quand même une affaire juteuse qui peut même être montée en argument commercial.

  • Sur le site de l’industrie spécialisée Shanghai H Win, Politico a repéré une image présentant un client, visiblement satisfait de ce qu’il voyait en rayon : des gilets de protection et des vêtements verts ou gris, destinés à une vision très particulière de la vie au grand air. L’individu, de type européen, est présenté comme un acheteur. On n’a aucune idée de son identité. Mais, interrogée, la firme chinoise s’est empressée de retirer l’image de son site.
  • Or, sur un registre de déclarations de conformité rendu public par une entreprise de Bouriatie, en extrême-orient russe, on peut trouver les détails d’une commande de 100.000 gilets pare-balles et de 100.000 casques auprès de Shanghai H Win, fait remarquer Politico.
  • De toute évidence, l’armée russe fait feu de tout bois pour nourrir sa machine de guerre. Y compris en Europe occidentale, où une firme belge a récemment été suspectée de fournir à la Russie des munitions par l’intermédiaire de la Serbie. Après enquête, les machines d’assemblage de munitions seraient toujours dans ce dernier pays mais il n’y aurait pas de preuve avérée de livraisons de munitions jusqu’en Russie. Mais de toute évidence, la moindre faille peut servir au Kremlin, s’il se trouve des gens pour ne pas la voir.
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