Forte accélération des contaminations en Suède? L’épidémiologiste en chef du pays répond

Pour Anders Tegnell, épidémiologiste chargé de la réponse de la Suède face au Covid-19, l’OMS a mal interprété les données du pays et a surestimé la virulence de la maladie. Selon lui, il n’y a aucun risque de surcharge dans les hôpitaux suédois.

Jeudi, le directeur général pour l’Europe de l’OMS, le Dr Hans Henri P. Kluge, a rendu compte de la situation épidémiologique du continent. Il a noté une résurgence du nombre de cas depuis deux semaines dans plusieurs dizaines de pays. Et parmi eux, 11 États font face à une accélération importante de la contamination ‘qui, si elle n’est pas maîtrisée, poussera à nouveau les systèmes de santé au bord du gouffre’. La Suède fait partie de cette liste.

Pour Anders Tegnell, il s’agit là d’une ‘erreur totale’ dans les calculs de l’OMS. En effet, depuis trois semaines, le nombre de cas suédois annoncés quotidiennement a grimpé en flèche, atteignant un record de 1.600 nouvelles infections mardi. Mais pour l’épidémiologiste d’État, cela n’est dû qu’à une politique de tests plus intensive. Plus de cas sont détectés, car plus de personnes sont testées et non parce que le taux de contamination a augmenté.

Il affirme que l’OMS doit regarder les autres paramètres comme le nombre de cas graves. ‘Ce chiffre diminue’, souligne-t-il. On peut aussi vérifier les statistiques sur les décès qui, après avoir connu un pic fin avril, baissent de manière constante. Tegnell précise qu’il y a très peu de malades aux soins intensifs en Suède, ce qui sous-entend que les services de santé sont loin d’être surchargés.

Une gestion controversée

La manière dont la Suède a géré la crise est controversée. Le pays a décidé de ne pas se confiner : les bars, les restaurants, les magasins et les frontières sont restés ouverts. Les habitants devaient simplement respecter les mesures de distanciation sociale. Et une attention particulière devait être apportée aux personnes âgées.

A ce jour, 5.200 Suédois sont décédés, principalement des hommes et des femmes qui vivaient en maison de repos. Le pays possède le 5e plus haut taux de mortalité dans le monde (hors micro-État). Les experts qui conseillent le gouvernement ont toujours nié qu’un confinement aurait sauvé plus de vies… jusqu’à ce mercredi.

Anders Tegnell a reconnu que trop de personnes étaient mortes et que les autorités sanitaires auraient dû plus pousser vers un mini confinement. ‘Si nous rencontrions la même maladie, avec exactement ce que nous en savons aujourd’hui, je pense que nous arriverions à mi-chemin entre ce que la Suède a fait et ce que le reste du monde a fait’. Un changement de discours remarquable, mais qui n’indique pas le début d’un confinement suédois.

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