A-t-on trouvé l’une des clés de la conquête spatiale dans la zone la plus dangereuse de Tchernobyl?

Un champion découvert à Tchernobyl pourrait un jour servir à protéger les astronautes des radiations nocives lors de séjours prolongés dans l’espace ou éventuellement sur une autre planète comme Mars. C’est en tout cas l’espoir des scientifiques qui ont récemment publié une étude préliminaire en ce sens et qui est basée sur des expériences effectuées à bord de la Station spatiale internationale (ISS).

Le Cladosporium sphaerospermum est un champignon ‘extrêmophile’, c’est-à-dire qu’il est capable de résister à des conditions de vie qui viendraient à bout de la plupart des êtres vivants. Il a été découvert dans les années 2000, dans la zone d’exclusion qui a été décrétée peu après la catastrophe nucléaire de Tchernobyl, là où les radiations sont les plus fortes.

‘Radiotrophe’

Le secret de ce champignon pour survivre dans pareil environnement? Il est ‘radiotrophe’, c’est-à-dire qu’il se nourrit, en quelque sorte, de radiations. À l’instar des plantes qui utilisent la photosynthèse pour transformer la lumière en énergie pour vivre et ingérer des nutriments, le Cladosporium sphaerospermum parvient à faire de même avec les rayons gamma. De quoi envisager de nombreuses applications scientifiques, notamment dans le domaine spatial, comme l’avance une étude préliminaire publiée plus tôt ce mois-ci sur la plateforme BioRxiv et repérée par le site Numerama.

Les auteurs de ce papier imaginent en effet utiliser ce champignon en tant que bouclier anti-radiations pour les stations et les vaisseaux spatiaux du futur, protégeant ainsi les astronautes de leurs effets néfastes.

Ses avantages seraient multiples: efficacité, durabilité, auto-entretien (le champignon se multiplie et se régénère de lui-même dans des conditions adéquates), légèreté, etc.

Une protection de 21 cm

Après un mois d’expériences à bord de l’ISS, les scientifiques sont parvenus à établir qu’une couche d’à peine 1,7 millimètre de Cladosporium sphaerospermum pouvait réduire la présence de radiations d’environ 2%. Sur cette base, ils estiment donc qu’une couche de 21 centimètres du champignon serait suffisante pour protéger les astronautes présents dans une station à la surface de la planète Mars.

‘(Ce champignon pourrait être) inestimable pour fournir une protection adéquate aux explorateurs des futurs missions vers la Lune, Mars et au-delà’, concluent les auteurs de l’étude préliminaire.

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