A Benidorm, le plus haut gratte-ciel de l’UE… sans ascenseurs

En Espagne, Benidorm, ville touristique de la communauté valencienne, située dans la province d’Alicante, possède le plus grand nombre de gratte-ciels par habitant au monde. 

Les deux tours du projet immobilier « InTempo » de cette station balnéaire réputée devaient être le symbole de la sortie de crise de la ville, explique le journal espagnol El País. Ces deux « Twin Towers » représentent une « incompétence d’envergure », précise le journal. Cet immeuble résidentiel qui possède 47 étages sur une hauteur de 200 mètres est en outre la plus haute construction de l’Union européenne. Toutefois, les architectes du projet ont oublié un détail significatif pour un building aussi haut : les ascenseurs.

Le projet devait être clôturé en décembre 2013 mais en janvier 2012, on s’est rendu compte que l’immeuble n’avait pas été équipé d’ascenseurs, comme on peut l’observer sur les différents clichés promotionnels d’InTempo. « L’espace avait été calculé pour constituer un bloc d’une vingtaine d’étages », expliquent différentes sources au journal El País. Mais les architectes ont décidé d’ajouter 20 étages supplémentaires au projet pour en atteindre 47 et ils se sont rendu compte de l’oubli. Le projet immobilier « InTempo » possédait 94% de sa structure achevée et 35% des 269 appartements étaient déjà vendus. Depuis lors, le projet est à l’arrêt et l’équipe initiale d’architectes a démissionné et la dette atteint les 2,5 millions d’euros.

Auparavant, en 2009, la banque qui finance le projet, la Shareb, avait déjà fait faillite et l’inauguration avait été remise à 2011 . En juillet 2011, un accident de travail, la chute d’un monte-charge avec 13 ouvriers, avait eu lieu et l’ambulance n’avait pu circuler normalement car, par mesures d’économies, il n’y avait pas de voie d’accès. Enfin, en août dernier, les ouvriers avaient menacé d’entrer en grève car ils n’étaient plus payés. 

Benidorm est l’exemple parfait de la folie des grandeurs, souligne El País. La ville n’a pas de limites en ce qui concerne la hauteur de ses constructions. Ce modèle urbanistique a ses détracteurs mais aussi ses défenseurs comme le sociologue de l’urbanisme, Henri Lefebvre, qui l’a définie comme la ville la plus habitable jamais construite depuis la Seconde Guerre mondiale. La ville, surnommée « Beniyork » ou la « petite Manhattan » compte d’autres édifices d’une envergure égale à celle du projet « InTempo », comme l’Hôtel Bali ou la Tour Lugano, qui se sont également retrouvés au cœur de polémiques similaires, conclut El País.