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La Belgique échappe à la récession, mais le nuage du déficit public qui plane au-dessus du pays n’en finit pas de grossir

La Belgique échappe à la récession, mais le nuage du déficit public qui plane au-dessus du pays n’en finit pas de grossir
De Vivaldi-regering – Getty Images

Le Bureau fédéral du Plan vient de publier ses prévisions actualisées pour l’économie belge dans les années à venir. Et tout n’est pas gris, tant s’en faut, mais notre pays traîne toujours les mêmes démons, en particulier une dette publique absolument colossale que les taux d’intérêts élevés font muter en un monstre qui finira bien par nous coincer.

Les années se suivent et se ressemblent : depuis 2020 on a l’impression de tomber de Charybde en Scylla, avec à chaque fois une nouvelle tuile sur notre économie. Mais la Belgique continue à se maintenir à flot, du moins pour l’instant. Le Bureau fédéral du Plan vient de révéler ses prévisions actualisées des « Perspectives économiques 2023-2028 ».

La croissance économique

  • Malgré une année qui a vu le retour de la récession en Europe, la Belgique ne s’en sort pas trop mal : bien que la croissance ait ralenti au second semestre 2022, elle s’est établie à 3,2% sur base annuelle.
  • La croissance du PIB a rebondi au premier trimestre de cette année (0,5%) et devrait rester assez dynamique, avec 0,4% par trimestre en moyenne. Sur base annuelle, le PIB devrait croître de 1,3% en 2023. L’année prochaine, on peut espérer 1,6% grâce à l’amélioration de la conjoncture internationale et une légère accélération de la croissance de la demande intérieure. En termes de croissance, la Belgique fait mieux que ses voisins et la zone euro, c’est sans doute le plus grand motif de satisfaction.

L’inflation

  • Elle a culminé à un peu plus de 12% en octobre 2022, avant de redescendre jusqu’aux 5,2% calculés en mai dernier.
  • Dans notre pays, l’inflation est largement corrélée aux prix de l’énergie ; l’état des stocks de gaz permet donc de prédire qu’elle continuera à baisser jusqu’à la prochaine saison froide, vers octobre 2023. Ensuite, tout dépendra de la rigueur de l’hiver. Mais les périodes vraiment froides sont devenues rares.
  • L’inflation sous-jacente demeure élevée et pèse sur les ménages. Le Bureau estime néanmoins qu’elle pourrait aussi baisser lentement, jusqu’à 2,5% à la fin de l’année 2024.

« Sur base annuelle, l’inflation, mesurée à l’aide de l’indice national des prix à la consommation, fléchirait de 9,6% en 2022 à 3,3% en 2024, mais il faudrait attendre 2025 pour que l’inflation repasse sous la barre des 2%. L’inflation sous-jacente serait alors inférieure à 2% et l’évolution des prix de l’énergie n’aurait plus qu’un impact limité. »

Bureau fédéral du Plan.

Rappelons que sur base de ces prévisions, les salaires devraient être indexés une fois en 2023 et deux fois en 2024.

L’emploi

  • Souvenez-vous : le gouvernement Vivaldi visait les 80% d’emploi dans le royaume. Un objectif un peu poussé sous le tapis, bien que les tendances ne soient pas mauvaises : le taux de chômage a reculé de 12,3% à 8,1% entre 2014 et 2022, avec toutefois des prévisions à 8,4% pour cette année.
  • Le taux d’emploi de la population âgée de 20 à 64 ans était de 71,9% l’année dernière. Le Bureau estime que ce taux devrait atteindre les 74,6% en 2028. On n’est pas encore au 80%, mais c’est l’autre bonne nouvelle pour l’économie belge.

Le déficit public

  • C’est sans surprise aucune le gros point noir du rapport, comme c’était d’ailleurs déjà le cas dans celui de février dernier. La dette belge s’alourdit : le déficit public est passé de 3,9% du PIB en 2022 à 4,8% en 2023, bien que le Bureau fédéral planche sur un léger allègement à 4,7% en 2024.
  • Mais il repartira ensuite à la hausse et, à politique inchangée, il dépassera les 5% du PIB dès 2026, alors que le programme de stabilité vise à repasser sous la barre des 3% à cet horizon, le sujet est en débat en ce moment au niveau européen.
  • On notera toutefois que c’est moins que ce qui était craint en février dernier, où le déficit était estimé à 5,7% du PIB pour 2023, et 5,4% l’année suivante. Mais c’est une bien maigre consolation. D’autant que cette différence provient largement des taxes sur les surprofits énergétiques, une situation qui ne devrait pas se reproduire dans le futur.
  • La hausse de ce déficit incombe au fédéral : le solde des entités fédérées, considérées globalement, s’améliore progressivement, en particulier en Communauté flamande et en Région wallonne. Le solde de la Communauté française et celui de la Région de Bruxelles-Capitale restent stables.
  • La dette publique s’établit à 105% du PIB en 2023 et atteindra 114% en 2028.

Conclusion : côté pile, une croissance qui tient le coup, une inflation en déclin et un taux d’activité qui est sur la bonne voie. Côté face, ces relatives bonnes performances se sont faites sur le dos des finances publiques. Dans le contexte actuel de hausse des taux d’intérêt, l’État belge pays de plus en plus cher pour financer sa dette. En 2022, le coût des intérêts s’élevait à 6,86 milliards d’euros, mais cette année, il atteindra 8,45 milliards, et en 2027, il sera même de 14,21 milliards, selon l’Agence fédérale de la dette qui a fait l’état des lieux des finances publiques. En termes relatifs : nous réservons actuellement 1,24 % du PIB aux paiements des intérêts, mais cela passera à 2,16 % du PIB en 2027.

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