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Les premiers embryons humains synthétiques sont « nés » en laboratoire

Les premiers embryons humains synthétiques sont « nés » en laboratoire
Les premiers embryons de synthèse ont été développés en Israël, mais il s’agissait de cellules de souris. (Photo by Ilia Yefimovich/picture alliance via Getty Images)

Pour la première fois, des scientifiques ont réussi à obtenir des embryons humains – ou plutôt quelque chose qui y ressemble beaucoup – à l’aide de cellules souches, sans utiliser ni ovule ni spermatozoïde. De quoi ouvrir de nouvelles perspectives pour la recherche. Mais ce genre de progrès fait encore peur, malgré l’encadrement éthique.

Dans l’actualité : c’est une information exclusive que nous rapporte The Guardian. Une équipe scientifique a réussi à créer en laboratoire des amas de cellules similaires à ceux des stages les plus précoces du développement d’un embryon. Ceux-ci n’ont donc ni cœur ni cerveau, mais comprennent des cellules qui formeraient normalement le placenta, le sac vitellin et l’embryon lui-même.

Éprouvette sans famille

  • Et ces cellules n’évolueront pas en quelque chose de plus complexe : elles resteront, visuellement, le contenu difficilement définissable de quelques éprouvettes et ne deviendront jamais quelque chose qui nous ressemble.
  • L’équipe scientifique insiste : il n’y a aucune intention de tenter une implantation de ces cellules de synthèse dans un utérus humain. Des expériences de ce genre ont déjà été conduites sur des souris, mais aucun embryon issu de cellules-souches n’a jamais « pris » et donné lieu à une grossesse. Il s’agit toutefois d’un pan de la science très récent : les premiers embryons obtenus sans cellules sexuelles ni fécondation n’ont été créés qu’en 2022, en Israël.
  • En l’état, il s’agit plus d’une prouesse de la science que d’un pas en avant vers une utilisation médicale quelconque.
  • Mais celui-ci pourrait, à terme, permettre d’étudier la période de développement dite de la « boîte noire », entre 14 et 28 jours de gestation. Après commence la « gastrulation » et l’embryon se divise en couches différenciées qui donneront les divers organes du futur fœtus. Ces cellules de synthèse représentent donc une fenêtre ouverte sur les tout premiers instants.

« L’idée est que si l’on modélise réellement le développement embryonnaire humain normal à l’aide de cellules souches, on peut obtenir énormément d’informations sur la façon dont le développement commence et sur ce qui peut mal se passer, sans avoir à utiliser des embryons précoces pour la recherche. »

Robin Lovell-Badge, responsable de la biologie des cellules souches et de la génétique du développement à l’Institut Francis Crick de Londres

La science avance plus vite que les lois

On sent toutefois que les scientifiques marchent sur des œufs, si l’on peut dire. Car l’expérimentation sur des cellules-souches humaines reste encore largement taboue. D’ailleurs, la fameuse période « boite-noire » marque aussi la limite – inscrite dans la loi dans certains pays – après laquelle on n’est plus autorisé à cultiver des embryons en laboratoire.

  • Les résultats des expériences doivent encore être publiés. Mais le fait que ces embryons artificiels ne nécessitent ni ovule ni spermatozoïde permettrait peut-être d’influencer la législation afin de continuer à les étudier plus longtemps que les 14 jours fixés dans la loi britannique. Mais dans le doute, c’est l’autodiscipline qui prévaut au sein du monde scientifique.
  • À terme, ce genre de progrès peut permettre des découvertes en médecine, pour mieux comprendre les malformations du fœtus ou les maladies congénitales, et même les prévenir. Mais on n’en est pas encore là. La science a tendance à avancer plus vite que les lois.
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