La Chine rêve de construire un tout nouveau réseau de rivières pour contrer le réchauffement climatique : une fausse bonne idée ?

La Chine doit trouver un équilibre délicat entre les projets d’infrastructure hydraulique massifs, coûteux et potentiellement nocifs, et les approches alternatives durables pour une gestion efficace de ses ressources en eau face aux sécheresses.

Pourquoi est-ce important ?

Alors que certaines de ses régions subissent les conséquences du changement climatique de plein fouet, la Chine fait face aux défis liés à la planification et à la mise en œuvre de projets hydrauliques de grande envergure, qui nécessitent souvent des investissements supplémentaires pour résoudre les problèmes qui en découlent. Il est donc essentiel de prendre garde à ne pas jeter de l'huile sur le feu en proposant des solutions qui pourraient aggraver la situation.

Dans l’actu : La Chine prévoit des projets d’infrastructure hydraulique massifs pour faire face aux sécheresses, causées par le réchauffement climatique.

  • Les responsables chinois ont dévoilé des plans pour la construction d’un vaste « réseau hydraulique » national, comprenant canaux, réservoirs et installations de stockage, dans le but de renforcer l’irrigation et de réduire les risques d’inondations et de sécheresses.
  • Car les ressources en eau par habitant en Chine sont inférieures à la moyenne mondiale et leur distribution est inégale. Afin de résoudre les problèmes d’approvisionnement à long terme, le pays compte sur ces infrastructures pour transférer l’eau des régions sujettes aux inondations du sud vers les régions arides du nord.
  • Au cours des cinq dernières années, la Chine a déjà entrepris plus de 100 projets de détournement, visant à acheminer l’eau vers les régions qui en ont le plus besoin.
  • Selon les autorités chinoises, ces projets d’infrastructure permettront de garantir l’approvisionnement en eau à travers tout le pays, tout en soutenant les besoins agricoles et en prévenant les problèmes liés au manque d’eau.

Toutefois : ces projets d’infrastructure nécessitent des investissements massifs pour leur réalisation. Les experts mettent en garde contre les conséquences coûteuses des détournements de cours d’eau supplémentaires, tant au niveau du portefeuille que pour l’environnement et l’écosystème existant.

  • Le coût de ces infrastructures est exorbitant. Les investissements en la matière ont récemment connu une forte augmentation, atteignant plus de 1,1 billion de yuans (154 milliards de dollars) l’année dernière, soit une hausse de 44% par rapport à 2021, relève Reuters. Au premier trimestre 2023, ces investissements ont encore été gonflés de 407 milliards de yuans supplémentaires.
  • Des projets de grande envergure ont déjà suscité des inquiétudes quant à leurs impacts environnementaux et sociaux, nécessitant d’importants investissements dans de nouvelles infrastructures pour y remédier, et faisant donc plus de mal que de bien.
    • Le projet de Dérivation d’Eau Nord-Sud, qui vise à transférer l’eau excédentaire du fleuve Yangtsé vers le bassin aride du fleuve Jaune, a été critiqué pour ses répercussions sur les écosystèmes locaux et la dégradation des ressources en eau dans les régions sources.
    • Le barrage des Trois Gorges, qui stocke d’énormes quantités d’eau du fleuve Yangtsé pour la production d’électricité et la gestion des crues, a été associé à des records de faibles niveaux d’eau dans le lac Poyang.

En réalité : Les détournements de cours d’eau risquent de déplacer simplement les pénuries d’eau plutôt que de les résoudre.

Quelles sont les alternatives viables ?

En marge : Il existe des alternatives moins coûteuses et surtout bien moins risquées pour faire face aux conséquences de la sécheresse.

  • Certains experts suggèrent de mettre l’accent sur des stratégies telles que le recyclage des eaux usées, la désalinisation de l’eau de mer et la réduction de la demande en eau.
    • Le recyclage des eaux usées peut contribuer à la conservation des ressources en eau en réutilisant les eaux traitées pour des usages non potables tels que l’irrigation agricole ou l’industrie.
    • La désalinisation de l’eau de mer est une autre solution potentielle pour répondre aux besoins en eau dans les régions côtières où l’eau douce est rare. Cependant, cette méthode peut être coûteuse et énergivore.
    • Réduire la demande en eau est également crucial. Des efforts peuvent être déployés pour promouvoir des pratiques agricoles plus efficaces, telles que le changement de cultures ou l’utilisation de techniques d’irrigation plus économes en eau.
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