Piégés à l’intérieur du pays : la Chine empêche des dizaines de milliers de citoyens et étrangers de quitter ses frontières

Depuis l’arrivée de Xi Jinping au pouvoir et l’instauration de nombreuses lois restrictives sur la sécurité nationale, le nombre de citoyens faisant l’objet d’une interdiction de sortie de Chine a explosé, souvent sans qu’il n’y ait de recours légal possible.

Dans l’actu : De nombreux Chinois et étrangers ont pour interdiction de quitter le territoire, selon un rapport du groupe de défense des droits Safeguard Defenders.

  • Selon ce groupe, « des dizaines de milliers » de Chinois sont interdits de sortie à tout moment.
    • Ces personnes sont aussi bien des citoyens chinois ordinaires impliqués dans des différends financiers que des défenseurs des droits, des militants, des dirigeants étrangers, des avocats, et des minorités ethniques comme les Ouïghours.
    • En pratique, elles découvrent généralement qu’elles ne peuvent pas quitter le pays lorsqu’elles arrivent à l’aéroport. Souvent, aucune raison n’est donnée et les moyens pour contester l’interdiction sont soit inexistants, soit inefficaces.
    • D’après Safeguard Defenders, un rapport judiciaire chinois a rapporté que durant la période allant de 2016 à 2018, 34 000 personnes ont été soumises à une interdiction de quitter le pays en raison de dettes.
    • Cette statistique représente une augmentation de 55% par rapport à la période précédente de trois ans.
  • « Depuis que Xi Jinping est arrivé au pouvoir en 2012, la Chine a élargi le paysage juridique des interdictions de sortie et les a de plus en plus utilisées, parfois sans justification légale« , dénonce le rapport.
  • « Entre 2018 et juillet 2022 de cette année, pas moins de cinq nouvelles lois ou modifiées prévoient l’utilisation d’interdictions de sortie, pour un total aujourd’hui de 15 lois », explique Laura Harth, directrice de campagne du groupe.
  • Les raisons de ces interdictions de sortie sont multiples :
    • Punir les défenseurs des droits humains et leurs familles ;
    • Prendre des personnes en otage pour forcer leurs proches à l’étranger, des cibles du régime, à revenir en Chine ;
    • Contrôler les groupes ethniques-religieux ;
    • Pratiquer la diplomatie des otages ;
    • Intimider les journalistes étrangers.

Il y a plus : Reuters a analysé les données sur les interdictions de sortie provenant de la base de données de la Cour suprême de la Chine.

  • Reuters rapporte que le nombre de cas mentionnant ces interdictions a été multiplié par 8 entre 2016 et 2022.
    • La plupart des cas sont de nature civile, et non criminelle.
  • « En raison des tensions croissantes entre les États-Unis et la Chine, la pertinence de ce risque (d’interdiction de sortie) a augmenté », confirme Lester Ross, responsable du comité de politique chinoise de la Chambre de commerce américaine.
  • On s’inquiète également en Europe : « À un moment où la Chine tente activement de restaurer la confiance des entreprises pour attirer les investissements étrangers, les interdictions de sortie envoient un signal très contradictoire », rapporte un communiqué de la Chambre de commerce de l’UE à Reuters.

En marge : Sous Xi Jinping, la Chine a également musclé sa lutte contre l’espionnage, renforçant son emprise sur la population.

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