Michel Maus : « Il y a peu de marge pour réduire la pression fiscale sur le travail »

Le rapport annuel « Les impôts sur les salaires » du groupe de réflexion de l’OCDE montre que nulle part ailleurs les salaires ne sont aussi lourdement taxés que dans notre pays. « C’est un constat douloureux, mais la marge de manœuvre pour réduire la pression fiscale sur le travail est faible », note le fiscaliste Michel Maus dans une interview accordée à Business AM, dans laquelle il plaide en faveur d’une réorientation de la fiscalité.

Dans l’actualité : un travailleur célibataire dans notre pays peut voir jusqu’à 53 % de son salaire payé par son employeur aller dans les caisses de l’État en 2022. Dans aucun autre État membre de l’OCDE, les impôts ne sont plus élevés.

  • « Nous vivons dans un État-providence. Cela présente de nombreux avantages pour les entrepreneurs et les travailleurs, bien sûr, mais cela a un prix », précise M. Maus. « Année après année, nous constatons que l’équilibre budgétaire n’est pas atteint et que les déficits s’accumulent. Il faut y travailler ».
  • Le fiscaliste constate qu’il est donc très difficile de réduire la pression fiscale sur le travail. Il plaide donc en faveur d’un transfert fiscal. « Nous pouvons compenser une réduction de la charge fiscale sur le travail en augmentant les impôts ailleurs ou en assainissant les dépenses », ajoute-t-il. Par exemple sur le capital ou le patrimoine.

Détails : une réduction de la fiscalité sur le travail est de toute façon nécessaire pour augmenter le nombre d’emplois. Rappelons que la Belgique a pour objectif de porter le taux d’emploi à 80 % d’ici 2030. Au quatrième trimestre 2022, ce taux était de 72,3 %.

  • Pour inciter davantage de personnes à travailler, le ministre des Finances Vincent Van Peteghem (CD&V) a proposé un plan de réforme fiscale au début du mois de mars. Il souhaite notamment augmenter la quotité exemptée d’impôt et adapter les tranches d’imposition afin d’augmenter le revenu net. « De telles interventions sont nécessaires pour rendre le travail plus attrayant », a déclaré Maus.
  • Van Peteghem veut compenser cet allègement par une augmentation de la taxe sur les valeurs mobilières et une harmonisation des taux de TVA, entre autres. Le ministre souhaite que l’opération soit neutre sur le plan budgétaire. La question est de savoir s’il y parviendra et au détriment de quoi.
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