Alors que tous les signaux sont au rouge, le G7 envisage de donner son feu vert à de nouveaux projets gaziers

La semaine prochaine, les ministres de l’Énergie et du Climat des pays membres du G7 se réuniront au Japon. Ils s’apprêteraient à appeler à des investissements dans le secteur du gaz.

Pourquoi est-ce important ?

La crise énergétique qui s'est déclenchée en Europe l'an dernier a fait peur à de nombreux gouvernements. Ils se sont rendu compte que, sans le gaz russe, ils se retrouvaient démunis. Si l'AIE, le GIEC et de nombreuses ONG, entre autres, ont appelé à "profiter" de cette crise pour mettre les bouchées doubles sur le renouvelable, ce n'est pas vraiment ce qu'il se passe. En tout cas pas partout.

Dans l’actu : controverse avant même la réunion.

  • Selon un projet de déclaration consulté par Reuters, les représentants du G7 se préparent à plaider en faveur de nouveaux investissements en amont dans le secteur du gaz.
    • Une communication qui devrait être faite dans une dizaine de jours, à l’issue d’une réunion des ministres de l’Énergie et du Climat des sept pays en question.
  • Une stratégie totalement contraire aux recommandations de la communauté scientifique.

Le détail : gaz naturel et GNL.

  • La réunion se tiendra les 15 et 16 avril prochains, au Japon. Elle aura pour but de discuter des efforts à déployer pour lutter contre le changement climatique, dans le cadre des (gros) changements qu’a apportés la guerre en Ukraine aux marchés mondiaux de l’énergie.
  • Selon Reuters, l’Allemagne, la France, l’Italie, le Royaume-Uni, les États-Unis, le Canada et le Japon, accompagnés des plus hauts représentants de la Commission européenne (Ursula von der Leyen) et du Conseil européen (Charles Michel) envisagent de plaider en faveur du gaz. Cela pour éviter que la guerre énergétique en cours entre la Russie et eux n’ait de trop mauvaises conséquences financières pour les alliés occidentaux.
    • « Dans ce contexte, dans cette situation d’urgence particulière, nous reconnaissons la nécessité d’investissements en amont dans le GNL (gaz naturel liquéfié) et le gaz naturel, conformément à nos objectifs et à nos engagements en matière de climat », indique le projet de déclaration consulté par Reuters.
    • Des investissements « en amont » désignent ceux destinés à augmenter la production, comme l’ouverture de nouveaux champs gaziers.
  • Ces investissements seraient nécessaires, dans la mesure où la demande de GNL va « continuer de croître » dans les pays qui peuvent se permettre de remplacer par la suite le gaz par des sources d’énergie à émissions nettes nulles. Augmenter la quantité de GNL à disposition permettrait d’éviter (ou en tout cas de limiter) une flambée des prix.

La communauté scientifique est contre

Le contexte : vers promesse non tenue ?

  • L’an dernier, le G7 avait déjà déclaré que le GNL était nécessaire à la transition climatique. Ici, ses membres franchiraient un pas de plus, en approuvant de façon explicite des investissements dans de nouveaux projets gaziers.
    • Rappelons qu’en mai 2022, ces mêmes pays avaient promis de mettre un terme, d’ici fin 2022, aux subventions de projets d’énergies fossiles sans technique de capture du carbone à l’étranger.
  • Depuis l’an dernier, la soif de GNL de l’Europe a été décuplée, afin de palier aux manquements du gaz russe jusqu’alors reçu par gazoduc. L’un des gagnants de ce revirement de situation a été les États-Unis.
  • Pendant ce temps, il faut rappeler que l’Agence internationale de l’énergie (AIE) a déjà déclaré que si l’on souhaitait empêcher le réchauffement climatique de dépasser 1,5 °C, aucun investissement supplémentaire dans des projets de combustibles fossiles ne devait avoir lieu.
  • Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) est du même avis. Il a même déjà signalé que les émissions de CO2 prévues dans le cadre des projets actuels d’exploitation des combustibles fossiles épuiseraient le budget carbone restant pour atteindre l’objectif précité.
  • Reuters précise que la déclaration qu’elle a obtenue reste bien sûr susceptible d’être modifiée au terme de la réunion. Mais les intentions semblent donc être bien présentes chez au moins une partie des participants.
Plus