L’inflation dans la zone euro chute de manière historique

Ce vendredi, Eurostat a publié les chiffres de l’inflation dans la zone euro pour le mois de mars. Il n’y avait jamais eu une baisse aussi nette de l’inflation en plus de trente ans de recensement de ces données.

Pourquoi est-ce important ?

Principalement dirigée par les prix de l'énergie, l'inflation dans la zone euro n'a eu cesse d'augmenter pendant quasiment toute l'année 2022. La principale arme dégainée par la BCE a été l'augmentation des taux. Bien que l'inflation baisse désormais chaque mois depuis novembre, elle a jusqu'ici poursuivi cette stratégie. Car l'inflation reste élevée et l'inflation sous-jacente, elle, continue même de progresser.

Dans l’actu : nette baisse de l’inflation en mars.

  • Selon les données publiées ce vendredi par Eurostat, l’inflation dans la zone euro a été de 6,9% en mars, par rapport à mars 2022.
  • En février, elle avait été de 8,5%, et 8,6% en janvier.
  • Ce mois de mars 2023 marque la plus forte décélération de l’inflation dans la zone euro depuis qu’Eurostat a commencé à collecter ces données, en 1991.

Les explications : lié à l’énergie.

  • Cette forte baisse s’explique en grande partie par le fait que, en mars 2022, les prix de l’énergie avaient explosé suite au déclenchement de la guerre en Ukraine. Comme il y a eu une accalmie depuis, l’inflation globale sur un an a été bien plus faible que pour les mois précédents.
    • Ainsi, alors que l’inflation des prix énergétiques avait été de 44,3% en mars 2022, elle a été de -0,9% ce mois-ci.
  • Si une nette baisse de l’inflation était bien attendue pour ce mois de mars, les analystes ne pensaient toutefois pas qu’elle atteindrait de telles proportions, souligne Reuters.
    • La plupart d’entre eux misaient sur une inflation de 7,1%.

Si on retire l’énergie, ça monte toujours

Le détail : l’inflation sous-jacente continue d’augmenter.

  • Si l’inflation a nettement baissé, un rapide coup d’œil à d’autres mesures permet de voir que la zone euro n’est pas encore sortie de l’auberge.
  • En excluant les prix de l’énergie, l’inflation s’est établie à 7,9% en mars, contre 7,8% en février.
  • En ne tenant compte ni des prix de l’énergie et ni de ceux des aliments non transformés, l’inflation dite « de base » ou « sous-jacente » a été de 7,5%, contre 7,4% le mois dernier.

Et maintenant : quid des taux de la BCE ?

  • A la mi-mars, la BCE a opéré à une hausse des taux d’intérêt de 50 points de base, conformément à ce qu’elle avait annoncé précédemment.
  • Contrairement à ce qu’elle avait fait pendant des mois, la BCE n’a, en revanche, pas dit clairement qu’elle continuerait de faire grimper ses taux selon la même cadence lors de sa prochaine réunion, en mai.
  • Sa présidente, Christine Lagarde, a indiqué changer de méthode. Plus question d’annoncer des hausses des semaines (voire des mois) à l’avance : place à l’approche « réunion par réunion, en fonction des données disponibles ».
    • Certains responsables de la BCE ont toutefois déjà indiqué qu’il faudra bien poursuivre cette stratégie afin de ramener l’inflation vers l’objectif de 2% à moyen terme.
    • C’est notamment le cas de l’économiste en chef, Philip Lane. Dans une interview accordée à Die Zeit en début de semaine, il a déclaré que, à moins d’une intensification du « stress financier » (lire : la crise bancaire), « d’autres hausses seront nécessaires ». « C’est clairement notre diagnostic », a-t-il ajouté, laissant penser qu’il était loin d’être le seul à partager cet avis.
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