Guido Mullier, expert en démantèlement de bunkers nucléaires pour le Centre d’étude de l’énergie nucléaire, explique à Business AM comment les entreprises belges cherchent à exploiter un nouveau marché.
Dans l’actu : De plus en plus de bunkers nucléaires médicaux seront bientôt démantelés.
- Ces bunkers nucléaires médicaux sont utilisés pour le traitement du cancer. Comme les centrales nucléaires, ces bunkers ont une durée de vie limitée et doivent être démantelés après quelques décennies. Ce démantèlement pourrait prendre deux ans.
- Quelques acteurs belges ont eu l’idée de se lancer dans ce domaine et d’exploiter ce nouveau marché. Ces cinq entreprises ont mis leurs efforts en commun et ont lancé Cyclade, un pôle « d’expertise pour le démantèlement des accélérateurs et cyclotrons ».
- « Si nous ne trouvons pas tout de suite une solution intéressante, nous aurons environ 70 tonnes de déchets nucléaires », explique Guido Mullier. « Cela coûte très cher et n’est pas responsable aujourd’hui. Le défi consiste à nettoyer le plus possible les matériaux afin de pouvoir les réutiliser. »
- Il s’agirait principalement de recycler les métaux irradiés afin de les réutiliser dans l’industrie. « Le savoir-faire belge est là, utilisons-le », affirme-t-il avec conviction.
Cinq entreprises
L’essentiel : dans la pratique, il existe des défis pour lesquels chaque entreprise peut appliquer sa propre expertise au problème.
- « Il faut mesurer l’innocuité du produit, c’est-à-dire déterminer quels métaux sont irradiés. Si l’on veut déplacer l’appareil, il faut également disposer d’une logistique capable de contenir l’appareil et de disposer de l’équipement et de la mobilité nécessaires pour effectuer les transports », explique Guido. « Je parle de démantèlement, il faut donc aussi une entreprise capable de découper l’appareil en pièces, qu’il soit en béton ou en acier. Il y a aussi le fabricant qui aimerait savoir comment le démantèlement peut évoluer. Et puis il y a aussi le Centre d’étude de l’énergie nucléaire. »
- Le centre possède actuellement deux cyclotrons – des accélérateurs de particules circulaires qui propulsent des particules atomiques à grande vitesse. Il est en train de les démanteler. Différentes méthodologies, afin d’étudier la meilleure façon de couper les appareils, sont actuellement étudiées. « Une fois que nous aurons analysé la meilleure méthode, nous contacterons une entreprise belge qui pourra se charger de la mise en œuvre », explique l’expert.
- Des opérations de démantèlement sont déjà en cours dans d’autres endroits du monde, mais pas à échelle industrielle. « Pour autant que je sache, nous sommes uniques. Nous sommes la première organisation à s’occuper de ces cyclotrons de manière industrielle. Jusqu’à présent, ce n’était pas nécessaire. Mais cinquante à quatre-vingts cyclotrons sont ajoutés chaque année », note-t-il. « Bientôt, ce sera une centaine par an. Il s’agit donc d’un marché en pleine croissance en Belgique et dans les pays voisins. »
- Les entreprises prévoient également de s’organiser au niveau international. À l’avenir, elles souhaitent acquérir davantage d’expertise afin de pouvoir effectuer des opérations de démantèlement de manière toujours moins onéreuse.
(CP)