La Suède refuse de céder à la pression d’Erdogan et continuera d’autoriser le brûlage du Coran : « La liberté d’expression avant tout »

Depuis qu’un militant d’extrême-droite a brûlé un Coran près de l’ambassade de Turquie en Suède, les pourparlers autour de l’entrée du pays scandinave dans l’OTAN sont au point mort. Mais le gouvernement suédois ne compte pas plier.

Pourquoi est-ce important ?

Devenues candidats à une adhésion à l'OTAN des suites de la guerre en Ukraine, la Suède et la Finlande n'en sont toujours pas membres officiellement. Les deux pays nordiques attendent toujours la ratification de la Hongrie et, surtout, de la Turquie.

Dans l’actu : la Suède prône la liberté d’expression.

  • En réponse à la demande de Recep Tayyip Erdogan d’interdire le brûlage de corans, le ministre suédois des Affaires étrangères Tobias Billström a assuré que son gouvernement n’avait aucune intention de brider la liberté d’expression prônée par son pays.
  • En outre, il dit rester confiant pour la suite des discussions.

La nouvelle demande d’Erdogan

Le contexte : brûlant.

  • Le 21 janvier dernier, Rasmus Paludan, un militant dano-suédois d’extrême-droite, a brûlé un exemplaire du Coran près de l’ambassade turque à Stockholm.
  • Cet acte – et le fait qu’il soit autorisé en Suède – a provoqué la colère d’Erdogan et d’un grand nombre de responsables et citoyens turcs.
    • La colère s’est rapidement propagée à d’autres pays du monde musulman. Cela a débouché sur des manifestations qui ont parfois dégénéré, notamment en Irak.
  • Jusqu’alors, la Turquie refusait de ratifier l’adhésion du pays scandinave à l’OTAN, principalement en raison de la politique de celui-ci vis-à-vis des Kurdes. Suite à la provocation de Paludan, la situation n’a fait qu’empirer.
    • Trois jours après l’incident, la Turquie a reporté sine die une rencontre tripartite destinée à lever les objections d’Ankara à la candidature de la Suède et de la Finlande.
    • Depuis, Erdogan a indiqué être prêt à donner son feu vert à la Finlande seule, piste vis-à-vis de laquelle Helsinki reste très prudent.
  • Ce mercredi, Erdogan a déclaré que la Turquie n’autoriserait pas la Suède à intégrer l’Alliance tant que celle-ci continuerait d’autoriser le brûlage du livre sacré de l’islam.

Le détail : « la religion ne fait pas partie de l’accord ».

  • Dans une interview à TT rapportée par Euractiv, le ministre suédois des Affaires étrangères a indiqué que son pays ne se plierait pas à la nouvelle demande du président turc.
  • « Nous ne compromettrons pas la liberté d’expression. Ce qui est nécessaire pour que la Suède devienne membre de l’OTAN et ce que nous devons faire pour remplir les exigences qui figurent dans le mémorandum trilatéral est très clair. Et nous le ferons dans le cadre fixé par notre constitution, notre législation et les principes de l’État de droit », a déclaré Billström.
  • Le ministre suédois a également souligné le fait que la Suède avait obtenu de bons résultats dans toutes les matières de l’accord tripartite jusqu’à présent. Il reste donc confiant pour la suite.
    • « Nous poursuivons sa mise en œuvre. La religion ne fait pas partie de l’accord, mais cela dit, je comprends que la partie turque soit contrariée par ce qui était certes légal, mais pas respectueux », a-t-il déclaré.
  • Billström a également rappelé qu’une élection présidentielle se tiendrait en mai en Turquie. Selon lui, c’est aussi à cause de ce contexte tendu que l’incident diplomatique s’est mué en véritable crise. Il estime qu’il faut patienter pour que le calme revienne autour de la table, avant de relancer les négociations.
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