Pour l’économiste en chef de Morgan Stanley, la Fed pourrait provoquer un ralentissement économique qui durera jusqu’en 2025. L’institution monétaire serait en train de changer de cap, pour réduire l’inflation « sur la durée » et non plus d’un coup.
Un ralentissement économique qui va durer trois ans, la nouvelle arme de la Fed pour réduire l’inflation?
Pourquoi est-ce important ?
Sans surprise, la Réserve fédérale américaine a augmenté le taux d'intérêt de 75 points de base cette semaine. La grande question à Wall Street est dorénavant : la prochaine, sera-t-elle moins élevée ? Et à partir de quand le taux d'intérêt pourra-t-il être réduit ? L'autre question est : y aura-t-il une récession suite aux hausses des taux d'intérêt, ou quand aura-t-elle lieu, et jusque quand durera-t-elle ?L’essentiel : Jusqu’à trois ans de ralentissement économique?
- C’est ce que prévoit l’économiste en chef de la banque Morgan Stanley, Seth Carpenter, interrogé par CNBC. Si c’était nécessaire pour réduire l’inflation, en tout cas, analyse-t-il. Et ça pourrait bien l’être.
- C’est que pour lui, l’approche de la Fed aurait changé. Au lieu de provoquer une récession intense et de courte durée pour freiner net l’inflation, l’institution viserait maintenant de ralentir l’inflation sur le long terme.
- Carpenter interprète cela à partir des propos du président de la Fed, Jerome Powell, lors de la conférence de presse de l’annonce de la hausse des taux de ce mercredi. « Ils ont dit qu’ils voulaient resserrer la politique, être restrictifs pour que l’inflation revienne à l’objectif, mais ils ont ensuite dit ‘sur la durée’ et je pense qu’il est juste de se demander ce que cela signifie. La dernière fois qu’ils ont fait leurs projections, ‘sur la durée’ signifiait au moins trois ans pour que l’inflation revienne à leur objectif (de 2%, NDLR) », explique-t-il.
- « Ils sont sérieux dans leur volonté de faire baisser l’inflation, mais je pense aussi qu’ils essaient d’être clairs sur le fait qu’ils ne cherchent pas à écraser les choses pour que tout baisse l’année prochaine », ajoute Carpenter. « Ils veulent serrer la vis suffisamment pour que nous ayons le ralentissement, mais ensuite ils sont prêts à laisser ce ralentissement se produire sur une longue période de temps. »
- En résumé, un taux d’intérêt élevé, cela veut dire que les prêts sont plus chers. Il freine ainsi l’activité économique (et le taux de croissance, même s’il ne glisse pas dans le rouge), car les investissements et les embauches notamment sont, en conséquence, en baisse. Une réduction des taux, au contraire, sert de relance à l’économie. Selon Carpenter, les taux restrictifs pourraient donc rester en place jusqu’en 2025.
- C’est beaucoup plus long que ce qu’avancent d’autres analystes. Pour Wells Fargo par exemple, le taux augmentera jusque 5% (il est désormais à 3,75-4%), et resterait jusqu’à un an à ce niveau.
Le détail : la prochaine hausse des taux déjà moins élevée?
- Pour la Fed, des hausses de taux moins élevées sont désormais sur la table. C’est ce qu’a confirmé Jerome Powell mercredi. Pour mémoire, les quatre dernières étaient de 75 points de base chacune.
- Pour Carpenter, la prochaine hausse sera de 50 points de base. Mais différents éléments pourraient également indiquer une cinquième hausse élevée. Carpenter par exemple s’attendait à 180.000 nouveaux emplois au mois d’octobre. Or, c’est 261.000 postes qui sont venus s’ajouter. Le marché du travail, un des moteurs de l’inflation, ne ralentit pas, et laisse de la marge de manœuvre à Powell pour décréter une nouvelle hausse des taux élevée.
- La prochaine réunion de la Fed a lieu le 13 et 14 décembre. Entre temps, le rapport sur l’emploi aux Etats-Unis au mois de novembre aura été publié, tout comme le rapport sur l’inflation du mois d’octobre (publié la semaine prochaine) et du mois de novembre. Si l’emploi et l’inflation sont en baisse, la Fed pourrait en effet ranger l’artillerie lourde.