Avec la volatilité sur les marchés boursiers, les grandes fortunes américaines perdent des plumes. Alors que les Bill Gates et autres Warren Buffett descendent dans le classement, certains hommes d’affaires grimpent. C’est le cas de Gautam Adani, à la tête du géant indien du charbon, vient de prendre la troisième place. Sa fortune a quasi doublé depuis le début de l’année, mais cette croissance mirobolante pourrait cacher un modèle fumeux.
Il s’agit du premier homme du continent asiatique à monter sur le podium des hommes les plus riches du monde. Mais ce n’est pas un nom connu en Occident. Jack Ma d’Alibaba, Mukesh Ambani (Reliance Industries) ou Lakshmi Mittal (d’Arcelor Mittal) pourraient nous venir en tête. Mais il s’agit de Gautam Adani.
L’indien âgé de 60 ans vient d’éjecter le Français Bernard Arnault (LMVH) du podium. Il pèse 137 milliards de dollars, soit un milliard de dollars de plus qu’Arnault. Elon Musk (251 milliards de dollars) et Jeff Bezos (153) restent en tête du podium.
Charbon et industries
Adani est à la tête d’un conglomérat éponyme immense, qui va du ciment à l’aluminium, en passant par les centres de données et les médias, décrit Bloomberg. Il possède également le plus grand port privé, le premier exploitant d’aéroports et le plus important distributeur de gaz du pays. Mais il a fait son nom dans le charbon, et possède des mines en Inde, en Indonésie et en Australie notamment. Le charbon est d’ailleurs en plein regain d’intérêt, au vu de la crise du gaz en Europe et de la sécheresse en Chine.
Comme on peut le voir dans le business model, Adani contrôle tout dans la chaîne d’approvisionnement : la mine, le port de départ (c’est notamment le cas en Australie) et le port d’arrivée. Il possède aussi des centrales à charbon en Inde, où il est fournisseur d’énergie. Critiqué pour la forte pollution que représente le charbon, autant lors de son extraction que lors de la production d’énergie, Adani s’est engagé à développer les énergies renouvelables. En novembre, il avait annoncé des investissements à hauteur de 70 milliards de dollars, pour devenir le premier producteur mondial d’énergie renouvelable.
Un modèle fumeux?
La fortune personnelle d’Adani a augmenté de 60 milliards de dollars depuis le début de l’année. Sur le classement des milliardaires, c’est la plus importante hausse. Dans le même temps, les milliardaires occidentaux affichent des pertes colossales, en fonction de l’évolution des marchés boursiers (leur fortune dépend grandement des cours des actions). Bezos et Arnault ont par exemple perdu environ 40 milliards de dollars.
Mais cette montée fulgurante pourrait cacher des éléments plus sombres. Des experts indiquent notamment que la croissance rapide et les rachats en série sont financés par la prise de dette. CreditSight indique d’ailleurs une situation de surendettement, rapporte Bloomberg. Des structures d’actionnariat opaques et un manque de suivi de la part des analystes inquiètent également les experts juridiques et financiers.
Depuis 2020, le prix des actions du groupe a explosé. Certaines ont même gagné plus de 1.000%. Le ratio entre les revenus et le prix des actions est en moyenne 750. Cet aspect pourrait également être une mise en garde. A Wall Street comme à la bourse indienne, ce ratio est en moyenne de 20. S’il est au-dessus, cela veut généralement dire qu’une action est surévaluée. Un effondrement du cours est-il alors en vue?