Les investisseurs ont été comblés mercredi lorsque le département américain du Travail a partagé son rapport sur l’inflation. Celle-ci a augmenté moins rapidement que prévu. Les investisseurs s’attendent dès lors à ce que la Réserve fédérale tire plus légèrement le frein à main dans les mois à venir. Mais certains de ses responsables tempèrent cette perspective optimiste: « Nous allons continuer à augmenter les taux d’intérêt ».
La vie aux États-Unis est devenue plus chère de 8,5% en juillet. Le taux d’inflation est donc plus bas qu’en juin, lorsque le coût de la vie a augmenté de 9,1%. C’est un premier signe, bien qu’à prendre avec toute la prudence nécessaire, que le pic d’inflation outre-Atlantique a été atteint. Certains économistes, dont ceux de Bloomberg, préviennent d’ailleurs que la tempête ne s’est pas encore calmée. Selon eux, l’inflation sous-jacente, hors alimentation et énergie, pourrait encore augmenter au cours des prochains mois. Elle a été de 5,9% le mois dernier.
En tout état de cause, le chiffre de l’inflation, meilleur que prévu, a suffi à rendre les investisseurs enthousiastes. Le Nasdaq a même réussi à sortir du marché baissier. L’indice technologique a grimpé de 2,9%, franchissant la barrière des 12.755 points, soit 20% de plus que son dernier plancher.
Kashkari tempère
Certains membres du Federal Open Market Committee (FOMC) de la Réserve fédérale calment le jeu. Neel Kashkari, président de la Federal Reserve Bank of Minneapolis, a déclaré dans un discours prononcé lors de l’Aspen Ides Festival qu’il est encore bien trop tôt pour que la banque centrale américaine crie victoire sur l’inflation. « Je n’ai rien vu qui change la nécessité de porter le taux directeur de la Fed à 3,9% d’ici la fin de l’année et à 4,4% d’ici la fin de 2023 », a-t-il déclaré.
« Le scénario le plus crédible pour moi est que nous allons relever les taux d’intérêt à un moment donné. Une fois que nous aurons atteint ce point, nous attendrons d’être convaincus que l’inflation est en passe de revenir à 2% avant d’envisager de réduire les taux d’intérêt », a-t-il ajouté.
Une colombe devient un faucon
C’est une déclaration notable de la part d’un membre du FOMC qui, jusqu’à récemment, était considéré comme une colombe. Les colombes sont favorables à une politique monétaire flexible. Et finalement, cet appel à relever les taux d’intérêt aux niveaux mentionnés ci-dessus fait de Neel Kashkari l’un des membres du conseil d’administration de la Fed les plus « faucons ». Un terme qui désigne les partisans d’une politique monétaire plus stricte.
Mary Daly, présidente de la Banque de réserve fédérale de San Francisco, a également averti dans une interview au Financial Times qu’il est beaucoup trop tôt pour parler d’assouplissement. Sa préférence va à une hausse des taux de 50 points de base en septembre, mais elle n’exclut pas d’égaler les deux dernières décisions de politique monétaire, par une nouvelle hausse de 75 points de base. « Le rapport sur l’inflation apporte un certain soulagement aux consommateurs et aux entreprises, mais l’inflation reste beaucoup trop élevée et est loin de notre objectif », a-t-elle déclaré. La Réserve fédérale vise un taux de dépréciation monétaire moyenne de 2%.
Charles Evans, président de la Federal Reserve Bank of Chicago, a quant à lui déclaré que le ralentissement de l’inflation était la première lecture « positive » des pressions sur les prix depuis que la banque centrale américaine a commencé à resserrer sa politique, même s’il a indiqué que la Réserve fédérale avait encore beaucoup de travail à faire.
(OD)