La visite de la présidente de la Chambre des représentants des États-Unis, Nancy Pelosi, à Taïwan, considérée comme une province renégate par la Chine, ne plait pas du tout à Pékin et l’Empire du Milieu l’a fait savoir. Plusieurs démonstrations de force ont eu lieu à proximité de l’État insulaire, faisant craindre le pire. Les tensions entre la Chine et Taïwan pourraient se transformer en guerre, entrainant forcément des pertes humaines, mais les conséquences ne s’arrêteraient pas là. Le plus grand fabricant de puces au monde, TSMC, met en effet en garde contre les répercussions que pourrait avoir un tel conflit.
« La guerre ne fait pas de gagnants, tout le monde est perdant », a déclaré le président de l’entreprise, Mark Liu, à CNN. En cas d’invasion de Taïwan par la Chine – dans un contexte géopolitique mondial déjà tendu avec la guerre en Ukraine –, l’usine de puces la plus avancée au monde serait rendue « non opérationnelle », prévient-il, car l’usine s’appuie sur des chaines d’approvisionnement mondiales.
Des répercussions mondiales
« Personne ne peut contrôler TSMC par la force. Si vous prenez une force militaire ou une invasion, vous rendrez l’usine TSMC inutilisable », a déclaré Liu. « Parce qu’il s’agit d’une usine de fabrication si sophistiquée, elle dépend d’une connexion en temps réel avec le monde extérieur, avec l’Europe, avec le Japon, avec les États-Unis, des matériaux aux produits chimiques en passant par les pièces de rechange, les logiciels d’ingénierie et le diagnostic. »
De quoi rajouter de la pression sur un secteur déjà tendu. Ce dernier connait en effet une importante pénurie de puces en raison de divers facteurs. L’explosion de la demande durant la crise du coronavirus, les problèmes d’approvisionnement durant la même période et plus récemment, les pénuries de matières premières suite à l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
Si l’usine de TSMC venait à être non opérationnelle, ses clients, notamment Apple et Qualcomm, rencontreraient forcément des difficultés pour produire leurs appareils.
L’invasion de Taïwan par la Chine n’aurait pas que des répercussions sur les puces, cela entrainerait forcément des conséquences économiques pour l’ile, mais également pour la Chine et les pays occidentaux, précise Liu.
Développer son indépendance
Que ça soit en Europe ou aux États-Unis, la dépendance à TSMC, ainsi qu’à d’autres fondeurs principalement asiatiques, est vue comme un problème. La perspective que le marché mondial puisse être d’autant plus perturbé en cas de soucis au sein de TSMC ne fait que souligner le problème de cette dépendance. C’est pourquoi les dirigeants américains et européens cherchent à tout prix à devenir des acteurs importants sur le marché des semi-conducteurs.
Les États-Unis s’apprêtent d’ailleurs à signer le Chips and Science Act qui prévoit des milliards de dollars d’incitation pour la construction d’usines de puces sur le territoire américain.