Une certaine croyance sur le marché veut que la Fed en ait fini avec les fortes hausses des taux d’intérêt. Elle donne en tout cas de l’allure à la bourse américaine, qui s’est emballée la semaine passée. Mais pour le plus grand gestionnaire d’actifs du monde, BlackRock, il s’agit d’une mauvaise conception, qui pourrait provoquer – encore plus – de volatilité sur le marché.
La Fed, banque centrale américaine, a évité la grosse surprise qu’aurait été une hausse du taux d’intérêt de 100 points de base mercredi dernier. Les marchés ne s’attendaient pas réellement à une telle hausse, mais la craignaient tout de même quelque part. Résultat : avec deux hausses consécutives de 75 points de base, le marché pense que le gros est passé, et que les prochaines hausses vont être moins importantes, avant de s’arrêter. Avec cette idée en tête, les indices boursiers ont aligné de fortes clôtures dans le vert la semaine dernière.
Mais y a-t-il vraiment des raisons de parier sur une fin des hausses des taux d’intérêt? Pour le gestionnaire d’actifs BlackRock, ce serait mal concevoir les politiques de la Fed. « Cet optimisme est, à notre avis, mal placé », note le groupe dans un rapport consulté par Markets Insider. Il ne s’attend pas à ce que l’institution monétaire change de cap dans le futur proche.
Les analystes ne s’attendent pas à une baisse des taux avant 2023, surtout que l’inflation devrait bien rester en place jusqu’à la fin de l’année. Les 2% d’inflation voulus par la Fed sont encore loin, et l’institution monétaire ne s’attend pas à les atteindre avant 2024.
Montagnes russes de volatilité
Cependant, le fait de croire que la Fed puisse fortement ralentir les hausses des taux d’intérêt peut in fine mener à plus de volatilité sur le marché, des « montagnes russes » avertit BlackRock. En résumé, plus les investisseurs parient sur un ralentissement des hausses de taux d’intérêt, plus les indices boursiers peuvent augmenter, mais plus ils peuvent aussi chuter une fois que la Fed aura annoncé sa prochaine hausse (finalement plus élevée que ce que prévoyaient les paris).
Dans ce contexte, le chiffre de l’inflation que les Etats-Unis ont connu au mois de juillet sera annoncé fin de la semaine prochaine. S’il est élevé, il peut doucher ces croyances, mais s’il est en baisse, il peut donner de l’eau à leur moulin. La prochaine réunion de la Fed aura lieu fin septembre.
La société d’investissement continue en ajoutant que les investisseurs ne font pas toujours les bons choix dans un marché volatil. Ils rechignent par exemple à changer des éléments dans leur portefeuille ou à se débarrasser d’actions qui affichent des pertes. Ou ils font des changements trop tard ou changent trop peu d’éléments.
Mais BlackRock prévient que même sans la fausse conception sur la fin des hausses des taux, la volatilité sera le maître mot dans les temps à venir. « L’ère de croissance et d’inflation régulières connue sous le nom de Grande Modération est terminée, selon nous », concluent les analystes. « Un nouveau régime de volatilité macroéconomique accrue est à sa place ».