Le Royaume-Uni rejoint le club très fermé des pays développant un avion militaire hypersonique: « Ceci n’est pas un missile »

Le Royaume-Uni a annoncé avoir commencé à travailler sur un projet d’avion hypersonique. Objectif: propulser l’appareil à plus de 6.000 km/h et le réutiliser.

En ce début de semaine, à l’occasion du salon aéronautique de Farnborough, le Royaume-Uni a levé un coin du voile sur son projet d’avion militaire hypersonique. Le nom de code du projet, mené par le gouvernement britannique en collaboration avec Rolls-Royce et Reaction Engines, est « Concept V ».

« L’hypersonique est un impératif stratégique. Il sera réalisé rapidement. C’est une question de rythme et c’est essentiel pour la sécurité nationale du Royaume-Uni », a déclaré Mark Thomas, le patron de Reaction Engines.

Les travaux ont déjà débuté. Un appareil de démonstration pourrait déjà effectuer son premier vol au cours de cette décennie.

Se démarquer au niveau du coût

Cet avion hypersonique constitue, selon le vice-maréchal de l’air Linc Taylor, chef d’état-major des capacités aériennes de la Royal Air Force, « l’un des éléments qui aura de la valeur dans le futur de la guerre ». Selon lui, il va « changer la façon dont le Royaume-Uni combat ».

Face aux quelques mastodontes déjà bien avancés en matière d’avions hypersoniques, tels que les États-Unis et la Chine, l’un des défis du Royaume-Uni sera de développer un appareil au coût nettement moins élevé que la concurrence. Le vice-maréchal Taylor a ainsi avancé un chiffre de « bien moins de 400 millions de livres sterling » (468 millions d’euros).

« Il ne s’agit pas d’un missile »

Le Royaume-Uni souhaite que Concept V atteigne la vitesse de Mach 5: cinq fois la vitesse du son, soit plus de 6.000 km/h. Sans équipage et capable de transporter des charges utiles sur de grandes distances, il doit aussi être réutilisable.

« La gestion thermique est absolument essentielle pour ce projet. Car, comme vous le savez tous, plus vous allez vite, plus il fait chaud, et nous parlons d’un véhicule qui pourrait potentiellement parcourir un mile par seconde en termes de vitesse et où les températures dépasseraient les 1.000 degrés », a expliqué Mark Thomas de Reactions Engines.

Pour relever ce challenge, la firme britannique mise sur les technologies de son moteur-fusée à respiration aérienne, « Sabre », qui constituera une base essentielle pour le programme.

« Le principal atout de ce que nous faisons ici est qu’il ne s’agit pas d’un missile, mais d’un engin capable de revenir au sol de manière subsonique. C’est pourquoi il devra fonctionner à haute et à basse vitesse, ce qui le distingue évidemment de quelque chose comme un statoréacteur sur un missile », a enfin précisé auprès de la BBC Ed Gower, qui dirige le programme Hypersonic Air Vehicle Experimental (HVX) chez Reaction Engines.

Outre les États-Unis et la Chine, on retrouve aussi la Russie parmi les pionnières en matière d’armement hypersonique. Elle a d’ailleurs affirmé avoir utilisé des missiles hypersoniques pour la première fois ces derniers mois en Ukraine.

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