Le royaume saoudien a beau produire beaucoup de pétrole, il en consomme lui-même de fameuses quantités. Plutôt que d’entamer son propre stock, qu’il préfère vendre, il profite donc de l’offre au rabais. Et en brûle d’immenses quantités pour lutter contre la canicule.

Alors que de nombreux pays occidentaux en général et européens en particulier se privent volontairement de pétrole russe, d’autres, nombreux, se frottent les mains : l’or noir au rabais de Vladimir Poutine fait leur affaire. Or, et c’est plutôt surprenant, parmi les acheteurs qui augmentent le volume de leurs commandes de pétrole russe, on peut trouver l’Arabie saoudite, alors que ce pays est déjà le premier producteur mondial de brut.

Jouer sur les prix pour vendre plus

Des importations qui ont presque doublé : les données obtenues par Reuters grâce au système de suivi des navires Refinitiv Eikon montrent que l’Arabie saoudite a importé 647.000 tonnes (48.000 barils par jour) de fioul en provenance de Russie via les ports russes et estoniens entre avril et juin de cette année. Ce chiffre est en hausse par rapport aux 320.000 tonnes de la même période de l’année précédente. Pour l’ensemble de l’année 2021, l’Arabie saoudite a importé 1,05 million de tonnes de fioul russe. Celui-ci est acheminé depuis des ports russes, mais aussi estoniens, selon Reuters, ce qui laisse en suspens la question de l’efficacité du quasi-blocus que veulent mettre en place les Européens.

Ni le ministère saoudien de l’Énergie ni son homologue russe ne se sont épanchés sur la question signale Euractiv, mais on peut aisément déduire l’usage que l’Arabie saoudite fait de ce pétrole. Celui-ci nourrit la consommation nationale. L’Arabie saoudite importe depuis plusieurs années du fioul russe afin de réduire son besoin de raffiner son propre pétrole pour l’utiliser dans le pays, ce qui baisse en fait sa propre consommation, lui laisse plus de brut non raffiné à vendre sur les marchés internationaux. Sur lesquels l’Arabie saoudite peut pratiquer des prix bien plus élevés que ceux auxquels se vend le pétrole russe.

Une consommation à domicile qui double durant l’été

D’autant que le pays préside de facto l’OPEP+, l’association des pays producteurs de pétrole. Outre que le royaume n’a pas cessé d’être solidaire avec la Russie face aux embargos, il est souvent incité à augmenter sa production afin de lutter contre la crise énergétique. En destinant une part plus importante de son propre pétrole à l’exportation, l’Arabie saoudite, techniquement, agit. Et ce sans puiser davantage dans ses réserves.

C’est d’autant plus important l’été, alors que le royaume consomme bien plus d’énergie pour rafraichir ses villes bâties en plein désert. Or celles-ci se situent souvent trop loin de gisements de gaz naturel. À la place, on alimente donc les centrales électriques au pétrole, à hauteur de 600.000 barils par jour, soit le double de la consommation hivernale.