Starlink a prouvé au-dessus de l’Ukraine que ses satellites pouvaient jouer un rôle stratégique dans l’observation du terrain, le maintien d’une connexion à l’Internet dans un conflit saturé de cyberattaques, et constituaient même un atout pour les frappes de drones. Trois bonnes raison pour les Chinois de trouver un moyen de s’en débarrasser en cas de conflit majeur, en particulier avec les USA.
Starlink, la start-up qui propose une connexion à Internet ultrarapide par satellites d’Elon Musk a le vent en poupe. Ces derniers jours, elle a passé des accords avec les instances gouvernementales des Philippines, du Mozambique et du Nigeria afin d’offrir ses services à ces pays, où l’accès au monde numérique reste encore limité. Ces derniers mois, l’entreprise a bénéficié d’un joli coup de publicité quand elle a déployé en urgence ses services en Ukraine afin de contrecarrer les mesures de brouillage lancées par des hackers au service du Kremlin afin de soutenir l’invasion. Avec avec un certain succès : non seulement l’Ukraine n’est pas coupée du monde, mais elle a fait d’Internet son meilleur outil de propagande.
Aujourd’hui l’Ukraine, demain Taïwan ?
Or, c’est justement ce que Pékin reproche à Starlink. Car le gouvernement chinois ne cache pas qu’il compte bien un jour remettre la main sur l’île, indépendante de facto, de Taïwan. Et il ne peut que constater les dégâts que les drones ukrainiens infligent à leur allié russe, le réseau Starlink leur permettant de rester connectés dans des zones où les installations au sol ont été détruites, rappelle Korii. Et ce, sans compter encore l’apport de ces minisatellites à la communication entre forces et institutions ukrainiennes. Les Chinois cherchent donc une parade. Comme le rapporte un article du South China Morning Post (SMCP), des scientifiques du Beijing Institute of Tracking and Telecommunications Technology, qui dépend de l’armée chinoise, cherche une manière efficace de mettre hors service une constellation comparable à Starlink ou à l’un de ses concurrents.
Et la Chine ne s’en cache pas : en cas de conflit avec les USA ou l’un de leurs alliés – Taïwan, Corée du Sud, Japon – il lui faudrait l’équipement nécessaire pour frapper dans l’espace : « Une combinaison de méthodes matérielles et non matérielles de destruction devrait être adoptée pour faire perdre leurs fonctions à certains satellites de Starlink et détruire le système d’exploitation de la constellation » va jusqu’à écrire une revue scientifique chinoise liée à l’industrie de la défense.
Une entreprise civile, mais stratégique
Pour les Chinois, même si Starlink reste une entreprise civile, sa collaboration régulière avec le Pentagone sur des questions de sécurité dans l’espace et de communication prêche contre elle. Selon les experts de l’Empire du Milieu, les satellites d’Elon Musk représentent un très dangereux outil de capture de données, qui pourraient ensuite s’avérer capital pour l’efficacité de frappes aériennes ennemies. En outre, la décentralisation de ce système par ses multiples petits satellites, qui sont d’ailleurs capables de se repositionner d’eux-mêmes pour éviter une attaque, ne fait que renforcer leur utilité militaire. « La constellation Starlink constitue un système décentralisé, est-il encore écrit dans l’article. La confrontation ne doit pas se penser contre des satellites individuels, mais contre le système dans son intégralité. Cela nécessite la mise en place de mesures efficaces et à bas coût.«
Starlink, sous le seuil de surenchère ?
Dernier clou dans le dossier, pour les Chinois : si ce sont des engins civils, ils peuvent être déployés au-dessus d’une zone sans qu’il s’agisse d’une manœuvre militaire, toujours susceptible de nourrir une dangereuse surenchère. Comme face à la Russie, Starlink pourrait permettre aux USA d’agir, par exemple en mer de Chine, sans formellement commettre un acte de guerre.