Les trois stratégies possibles de la Russie face à une extension de l’OTAN en Suède et en Finlande

Coup dur pour Vladimir Poutine : alors qu’il a pris la décision de mener une guerre non-déclarée contre l’Ukraine dans le but d’éloigner le pays de l’OTAN, voila qu’en réaction, Finlande et Suède demandent à rejoint l’Alliance atlantique et exposent tout le flan nord-ouest de la Russie. En terme de droit international il n’y a pas grand-chose qu’il puisse faire pour s’y opposer, d’autant que ces deux pays ne sont pas non plus des nains militaires, après toute une guerre froide de neutralité armée.

Selon le Financial Times, le président russe a même avoué du bout des lèvres que la Russie tolérerait l’adhésion de la Finlande et de la Suède à l’OTAN, tout en avertissant que le Kremlin réagirait si l’alliance installait des bases ou des équipements militaires dans ces pays. Mais il ne s’est pas attardé sur la nature de ces éventuelles réactions.

En attendant, et même si les candidatures suédoises et finlandaises ne sont pas encore validées (la Turquie, principalement, s’y oppose), la Russie va devoir établir une nouvelle stratégie en Baltique et dans le nord, où elle partage une frontière de 1.340 km de long avec la Finlande. Selon une analyse de CNBC, Vladimir Poutine dispose de trois options réalistes – l’invasion militaire n’en faisant clairement pas partie.

1. Des provocations à répétition

C’était déjà chose courante en Baltique : des avions ou des navires russes qui frôlent voire outrepassent les espaces aériens nationaux, ou encore des échos suspects de sous-marins non-identifiés. La Russie a déjà pour habitude de tester les limites et la capacité de réaction des pays qui bordent cette mer, jouant avec les nerfs des états-majors locaux.

« Cela change l’environnement de sécurité pour toute la mer Baltique et pour l’Arctique », a résumé à CNBC le lieutenant-général à la retraite Ben Hodges, ancien commandant général de l’armée américaine en Europe. »Bien sûr, il continuera d’y avoir des violations de l’espace aérien, tout comme dans d’autres pays de l’OTAN, mais nous sommes une alliance défensive et nous allons réagir avec sang-froid et professionnalisme. La dernière chose que les Russes veulent, c’est d’entrer dans un combat avec les 30 pays de l’OTAN, bientôt 32. Poutine va s’en plaindre, il va menacer, mais il n’y a en fait rien qu’il puisse faire, car la plupart de ses soldats sont coincés en Ukraine, donc je ne vois pas de réelle menace contre la Suède ou la Finlande. »

2. Cyberattaques et attaques hybrides

C’est ce que semble craindre le plus la Première ministre suédoise, Magdalena Andersson : des représailles russes sous le seuil du conflit et plus ou moins discrètes, mais néanmoins dument signées. « Le type de représailles qu’il peut y avoir dépend de Poutine, nous voyons qu’il peut y avoir des cyberattaques et des attaques hybrides et d’autres mesures, mais tout dépend d’eux », a-t-elle résumé. Par attaque hybride il faut garder en tête que c’est ainsi qu’avait été qualifié l’envoi massif et coordonné de migrants vers les frontières polonaises et baltes, l’hiver dernier. Une crise humanitaire savamment orchestrée par Moscou et Minsk à laquelle la Finlande pense avoir servi de test grandeur nature auparavant. Les deux pays s’attendent aussi à des redéploiements de troupes russes près de leurs frontières.

3. Représailles énergétiques

La Russie détient toujours une carte maîtresse dans ce domaine, car elle assure environ 40% des importations de gaz de l’UE. Et si l’Europe s’efforce de trouver des sources d’énergie alternatives pour réduire sa dépendance à l’égard de la Russie, elle reste néanmoins tributaire d’elle. Le lendemain de l’annonce par les dirigeants finlandais de leur soutien à l’adhésion à l’OTAN, la société publique russe Inter RAO a annoncé qu’elle cesserait d’exporter de l’électricité vers la Finlande à partir de samedi prochain (la Finlande reçoit environ 10% de son électricité de la Russie), en invoquant l’absence de paiement. Tant que ce levier existera, la Russie appuiera dessus.

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