Le passage de notre force aérienne au chasseur F-35A devait coûté 3,8 milliards d’euros pour 34 appareils. Mais ce montant ne comprend que l’achat : il va falloir moderniser nos infrastructures pour accueillir les avions. Et ce budget-là, après appel d’offres, vient de doubler. L’enveloppe consacrée à la Composante air décollera donc bien au-dessus des 4 milliards.
C’est une affaire de gros sous et d’armement qui revient régulièrement pour survoler le monde politique belge. Quand il est apparu clair que la Composante aérienne de l’armée du royaume devait remplacer ses avions de chasse F-16 vieillissants, il a fallu leur choisir un remplaçant, un appareil plus moderne qui permettrait à la Belgique de remplir ses engagements militaires au sein de la défense européenne, mais aussi de l’OTAN. Et malgré les candidatures de différents avionneurs allemands, français ou suédois, c’est bien l’américain Lockheed Martin qui a remporté le marché avec son chasseur-bombardier F-35A, et sa capacité d’emport nucléaire chère à l’oncle Sam.
Après de longues tergiversations, le gouvernement belge de l’époque a confirmé en octobre 2018 l’achat de 34 chasseurs-bombardiers F-35A auprès du constructeur américain Lockheed-Martin pour un montant d’environ 3,8 milliards d’euros.
Un avion c’est bien, mais il faut une base pour l’accueillir
Mais ce montant, déjà considéré à l’époque comme un lourd investissement, ne représente pas la totalité du coût de cette transition de l’aviation belge vers un chasseur de cinquième génération. L’avion, en effet, ne suffit pas à faire la force aérienne ; pour être opérationnelle, celle-ci a besoin de personnel bien sûr, mais aussi de hangars adaptés à la maintenance des engins, de pièces de rechange, et d’autres infrastructures diverses et variées. Or, en 2020, la base de Florennes avait été jugée « trop petite » et « trop ancienne » par le chef de la division CIS & Infrastructures de la Défense, le général Frédéric Goetunck. La base n’était tout simplement plus aux normes pour accueillir des F-35A, rapporte Opex360. Il allait donc falloir la rénover.
Un budget qui a doublé depuis 2020
En 2020, Philippe Goffin, alors ministre de la Défense et des Affaires étrangères, annonçait qu’une enveloppe de 300 millions d’euros allait être débloquée afin de moderniser les bases aériennes du pays. Près de deux ans plus tard, il s’avère que ce montant a en fait de l’être doublé : le 14 avril dernier, le ministère belge de la Défense a annoncé avoir attribué un contrat de 600 millions d’euros à un consortium belgo-néerlando-américain emmené par Jan De Nul nv, pour moderniser les bases de Florennes et de Kleine-Brogel, dans le cadre d’un partenariat « public/privé » d’une durée de dix ans.
« Ce consortium est non seulement responsable de la conception et de la réalisation, mais également de l’entretien de l’infrastructure pendant 10 ans après la livraison provisoire a précisé la Défense. Une première livraison provisoire partielle des bâtiments à Florennes est prévue pour l’été 2024. Le concept proposé, d’une valeur d’investissement d’environ 300 millions d’euros par base, répondra non seulement aux exigences techniques et fonctionnelles nécessaires à l’exécution des opérations et à la maintenance du F-35, mais accordera également une attention particulière au bien-être du personnel. De plus, le projet apporte également sa pierre à l’édifice de la lutte contre le changement climatique : ainsi, ce complexe neuf est très bien isolé thermiquement et la chaleur est générée via des pompes à chaleur basées sur la géothermie ».
Simulateurs de vol et pompes à chaleur
Ces nouvelles infrastructures comprendront quatre éléments : une partie administrative, avec bureaux, salles de réunion, et cafétéria, une partie logistique avec six quais de maintenance, et pour finir des ateliers spécifiques. Ceux-ci comprendront un « Special Acces Program Facility » [SAPF] où seront planifiées les missions, ainsi que des simulateurs de vol pour l’entrainement des pilotes.