À la demande du gouvernement ukrainien, le fonds d’aide à l’Ukraine s’élargit à d’autres cryptomonnaies comme le Dogecoin ou Solana. Ce fonds a déjà atteint les 35 millions de dollars depuis le début de l’invasion russe. Mais il met les régulateurs dans l’embarras: car de l’autre côté, les Russes utilisent eux aussi les cryptomonnaies pour éviter les sanctions.
Et si le conflit entre la Russie et l’Ukraine déterminait l’avenir des cryptomonnaies ? La communauté crypto sent venir le coup: l’invasion russe sera-t-elle un prétexte pour réguler des actifs qui échappent au contrôle des régulateurs ? Car les cryptomonnaies ont cette mauvaise image qui leur colle à la peau: darknet, évasion fiscale et désormais contournement de sanctions internationales.
Ce mercredi, la Commission européenne a dit vouloir étudier si certains crypto-actifs qui sont utilisés par la Russie pour contourner les sanctions, rapporte Reuters.
Les volumes d’échanges entre le rouble russe, qui a perdu jusqu’à 30% de sa valeur, et la crypto-monnaie Tether ont par exemple monté en flèche ce lundi. La plus grande plateforme d’échange au monde, Binance, a toutefois bloqué les comptes de tous les clients russes visés par les sanctions, mais pas de tous les Russes.
Un haut responsable de l’UE tempère, annonçant « qu’aucune décision n’a été prise » pour viser l’une ou l’autre cryptomonnaie.
Un tournant
Car de l’autre côté, en Ukraine, les cryptomonnaies sont une aubaine. L’appel émane du vice-premier ministre ukrainien Mykhailo Fedorov : les mèmes coins sont aussi acceptées pour nourrir le fonds de soutien, désormais élevé à 35 millions de dollars, alors que jusque-là ce sont surtout des dons en bitcoin et en ether qui avaient été effectués.
« Maintenant, même les mèmes peuvent soutenir notre armée et sauver des vies des envahisseurs russes », a tweeté Fedorov mercredi.
L’Ukraine utilise aussi la blockchain Ethereum sur laquelle les développeurs créent des fonctions sécurisées pour acheminer les cryptomonnaies à bon port. Une nécessité, quand on sait que de la fraude à la solidarité a déjà été mise en place par des hackers.
L’enjeu est donc majeur, comme le souligne l’influent économiste Mohamed El-Erian sur les réseaux sociaux : le fonds de solidarité pour l’Ukraine protègera-t-il les cryptos de la régulation ? Ce conflit pourrait se transformer en cas d’école, alors que la plupart des crypto-actifs ont profité de la crise sur les marchés ces derniers jours. En cas de régulation, la descente n’en sera que plus grande.