La facture d’électricité peut être réduite jusque trois quarts, mais même en offrant au réseau plus d’énergie que ce que l’on consomme en électricité du réseau, certains frais sont inévitables. En quatre à cinq ans, l’investissement peut être récupéré, contre sept ans auparavant (au vu de l’augmentation des prix de l’électricité). A l’avenir, les panneaux devraient cependant devenir plus chers.
Les prix de l’énergie qui explosent depuis plusieurs mois ont poussé de nombreuses personnes dans les bras des fournisseurs de panneaux solaires. Un véritable boom, constate Le Soir : le double auprès de TotalEnergies, et dix fois de plus chez Green Energy 4 Seasons, en Wallonie.
« Des gens qui viennent de recevoir leur décompte annuel et qui ont vu leur facture augmenter sensiblement. Ce sont aussi des propriétaires qui veulent une habitation plus verte, d’autres qui installent une pompe à chaleur, gourmande en électricité », explique une employée de la deuxième entreprise, Marie Limbioul. Du côté de Techlink, la fédération des installateurs de panneaux solaires, on évoque aussi l’anticipation de l’achat d’une voiture électrique.
Différence régionale
Un habitant d’Evere, en région bruxelloise, explique : l’installation lui a coûté 7.300 euros, en 2019. Il consomme annuellement près de 6 MWh, et ses panneaux produisent 4 MWh environ. Sa facture d’acompte a déjà baissé de 130 à 82 euros. En plus de cela, il a droit à des certificats verts de la part de la Région.
Ces certificats verts sont calculés par le régulateur Brugel. Les ménages y ont droit car ils produisent de l’énergie verte, et les fournisseurs peuvent alors leur racheter ces certificats, pour satisfaire leurs obligations de production d’énergie verte, comme le système des droits d’émission, en résumé. Pour un foyer comme celui de l’habitant d’Evere, avec une installation de 5,2 kW de puissance, le certificat donne droit à une somme de 1.000 euros par an, environ, pendant dix ans. En sept ans, l’installation de cet habitant serait donc remboursée, en ne comptant que les certificats.
Ensuite, des économies peuvent encore être faites au niveau de la consommation. Trois cas de figure de consommation existent :
- Il fait jour, le foyer consomme immédiatement l’électricité qu’il produit. Dans ce cas, l’énergie est gratuite.
- Il fait nuit, le foyer consomme alors l’électricité du réseau, payante.
- Il fait jour, et le foyer ne consomme pas d’électricité. Il alimente alors le réseau, et est payé en retour, mais le tarif dit d’injection est assez bas.
Brugel estime que sur une consommation moyenne, la part d’énergie produite et consommée immédiatement est de 37%. La facture serait donc déjà réduite de plus d’un tiers, rien que pour cette partie-là.
Voilà pour Bruxelles, qui fonctionne avec un compteur double flux (ou bidirectionnel), obligatoire. En Wallonie, un autre type de compteur est utilisé.
Tarif prosumer
En Wallonie, le compteur utilisé est le compteur à reculons. Lorsque le ménage consomme l’électricité du réseau, le compteur avance. Lorsqu’il injecte de l’électricité dans le réseau, le compteur recule.
La facture, si le foyer a injecté autant qu’il a consommé, ne sera pour autant pas nulle. Comme il utilise le réseau tout de même, des frais, le fameux tarif prosumer, s’applique. Il est calculé sur le lieu de résidence et la puissance des panneaux. Au-delà de ce tarif, restent encore des frais comme des taxes, l’abonnement et la distribution, à Bruxelles également.
Réduction totale?
Des économies sont donc bien possibles. « Ça va dépendre de l’ensoleillement, de la consommation du client et du nombre de panneaux qu’il installe. Si un client couvre toute sa consommation avec ses panneaux en Wallonie, il va réduire sa facture de trois quarts », explique Martin Jasienski, l’administrateur délégué de TotalEnergies Solutions en Belgique, au Soir.
Et le retour sur investissement, quand sera-t-il complété? Sur ce point, le temps a diminué, au vu des prix actuels de l’énergie. De sept ans, le retour sur investissement est passé à cinq ans en Wallonie, et à quatre à cinq ans à Bruxelles, selon Techlink. Selon la fédération, les frais d’installation vont de 6.000 à 9.000 euros.
D’un autre côté, la transition énergétique, et le boom des panneaux solaires, crée également une demande très forte en matières premières. Elle fait déjà exploser la demande en aluminium. Les prix sont donc en augmentation, et ne semblent pas prêts de diminuer.