Le réacteur de type EPR, le premier en France, est un chantier avec de nombreuses déconvenues. La date de fin s’est encore rallongée, et l’estimation des coûts a encore été augmentée de 300 millions d’euros.
Les retards et les coûts supplémentaires semblent être la norme pour les chantiers des EPR (réacteurs européens à eau pressurisée). En Finlande, un réacteur de ce type, le premier en Europe, a mis 16 ans à être construit, dont 12 ans off schedule, avant d’entrer en service fin 2021. Le premier EPR français, situé à Flamanville dans le département de la Manche, voit aussi sa date de début repoussée, encore une fois. La première charge d’uranium devrait alors avoir lieu le deuxième trimestre 2023.
Avant, EDF avait annoncé que la mise en route aurait lieu fin 2022. Mais suite au « contexte industriel rendu plus difficile par la pandémie », la date est repoussée, indique l’entreprise dans un communiqué. Le coût devient aussi plus élevé : « à terminaison », il est désormais estimé à 12,7 milliards d’euros, au lieu de 12,4 milliards d’euros selon l’estimation précédente.
Problème de soudures
Le projet a été lancé en 2004. Il prévoyait une facture de trois milliards d’euros, et la fin des travaux en 2012. Les travaux ont commencé en 2007, et ont connu de nombreux déboires. Dernièrement, rapporte BFM Business, ce sont les soudures qui posaient surtout problème.
Ce souci semble désormais en partie réglé. « Les opérations de reprise des soudures de traversées de l’enceinte du bâtiment réacteur, les plus complexes, ont été réalisées avec succès et ont été jugées conformes par l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) », explique EDF. D’autres soudures, dans le circuit secondaire, restent toujours à remettre à niveau.
Aléa technique dans la centrale EPR en Chine
Dans sa liste des choses encore à mettre en place, EDF indique également « l’intégration du retour d’expérience de l’aléa technique rencontré sur le réacteur de Taishan 1 ». C’est que sur ce réacteur, le premier EPR du monde, des fuites avaient été constatées. Les assemblages de combustible ont alors été inspectés, et la cause de la fuite est « un phénomène d’usure mécanique de certains composants d’assemblages ».
Ce phénomène ne serait cependant pas lié à la technologie EPR. Il a déjà été constaté sur plusieurs réacteurs de centrales françaises. La solution qu’EDF applique alors dans ce cas sera aussi appliquée au nouveau (et troisième) réacteur de Flamanville, indique l’entreprise encore.
Pour son approvisionnement futur en énergie, et pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre, la France va construire davantage de réacteurs de type EPR. A voir alors quels enseignements un chantier qui accuse dix ans de retard et dont la facture est quadruplée pourra donner à l’entreprise.