La France se positionne pour jouer un rôle central dans le nucléaire, et cela influencera le choix de ses nouveaux réacteurs

Deux projets pour deux types de réacteurs différents sont sur la table en France. Le réacteur pressurisé européen et le Small Modulator Reactor, de petite taille. Les deux ont leurs différences, leurs spécificités, leurs avantages, et leurs risques. Les SMR semblent plutôt prévus pour l’exportation. Tour d’horizon.

La France mise sur le nucléaire pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, entre autres scénarios ; contrairement à la Belgique, qui désire entièrement sortir du nucléaire en 2025. Dans ce but, le président de la République Emmanuel Macron devrait annoncer, avant la fin de l’année, la construction de plusieurs centrales nucléaires, baptisées « réacteur pressurisé européen » (EPR), confirme la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili. Cette technologie, dite de troisième génération, est réputée pour être plus sûre que les générations précédentes. Il s’agit de grandes usines qui ont une puissance pouvant aller jusqu’à 1.600 mégawatts.

A terme, elles devraient remplacer les centrales présentes aujourd’hui, vouées à disparaître. La question – non encore tranchée – est de savoir quelle sera la part du nucléaire et celle du renouvelable dans la stratégie pour atteindre la neutralité carbone et sortir des énergies fossiles. La probable annonce de Macron répondrait ainsi à un rapport du gestionnaire du réseau électrique RTE, qui avait élaboré différentes solutions pour cette stratégie, allant du tout à l’énergie verte au mix entre renouvelable et nucléaire.

SMR : plus petits et déployables partout

D’un autre côté, la France élabore également des projets pour les Small Modulator Reactor (SMR), des mini-réacteurs ou réacteurs d’appoint. Macron a confirmé qu’un projet était à l’étude chez EDF, le distributeur français d’électricité, et chez d’autres partenaires. Un milliard d’euros devraient d’ailleurs être injectés dans le programme. Un premier chantier serait prévu pour 2030.

Ailleurs dans le monde, les études sur les SMR sont déjà plus avancées. Le grand avantage de ces réacteurs est leur petite taille : ils peuvent facilement être déployés partout. Dans des zones recluses par exemple, comme des territoires polaires ou désertiques, où se trouvent notamment des activités comme des mines ou des industries, qui tournent encore aux énergies fossiles.

Leur puissance oscille entre 5 et 200 mégawatts, selon les modèles. L’enjeu est donc la capacité à contenir l’énergie dans des petites structures compactes. L’autre avantage de leur taille est qu’ils peuvent être produits en usine, en grand nombre, ce qui peut ainsi réduire les coûts (il est estimé entre un à deux milliards).

Quel intérêt des SMR en France si des EPR sont prévus?

EDF indique qu’ils seront surtout prévus à l’exportation. La présence de plusieurs réacteurs pressurisés européens (EPR) et la prolifération des énergies renouvelables suffisent pour alimenter les besoins énergétiques de l’Hexagone, selon les calculs.

L’objectif de la création des SMR est donc d’être présent sur le marché international, qui va devenir un gros marché dans les années à venir, selon les sources consultées par BFM Business. Une fierté atomique française à reconstruire après l’éclatement d’un « accord » pour des sous-marins avec l’Australie, qui a finalement préféré le modèle américain, qui tourne, lui, à l’énergie nucléaire.

Risques accrus?

Avec les centrales nucléaires se pose également la question de la sécurité. Selon les détracteurs de l’énergie atomique, petite taille n’équivaut pas à petit risque d’explosion. En plus, comme les réacteurs peuvent être déployés partout, le risque d’explosion est également multiplié et augmenté à de nombreux endroits. Pour les défenseurs du nucléaire, la petite taille donne la possibilité de pouvoir enterrer les réacteurs, en partie, ou de les mettre dans une piscine de refroidissement.

Une autre question se pose avec le nucléaire – et qui reste un poids dans toutes les négociations -, celle des déchets radioactifs. Petit ou grand réacteurs, il y aura dans les deux cas des déchets et il n’y a aujourd’hui toujours pas de solution à long terme pour les recycler.

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