La pilule anti-Covid de Pfizer est désormais autorisée en Europe, mais vous n’êtes pas près de la recevoir en Belgique

Mardi, Pfizer annonçait d’excellents résultats relatifs aux essais cliniques de son antiviral contre le coronavirus. Ce jeudi, le médicament a reçu un avis positif pour une utilisation en cas d’urgence de la part du régulateur de l’UE. Il faudra toutefois patienter avant de voir le Paxlovid être massivement disponible en Belgique.

D’après les données communiquées par Pfizer en début de semaine, le Paxlovid réduit de 89% les risques d’hospitalisation et de décès chez les patients à haut risque, lorsqu’il est pris dans les trois jours suivants l’apparition des symptômes. Des chiffres basés sur des essais cliniques réunissant plus de 2200 personnes.

Ce jeudi, l’Agence européenne du médicament (EMA) a annoncé octroyer un avis positif pour une utilisation d’urgence pour l’antiviral de Pfizer. « Le médicament, qui n’est pas encore autorisé dans l’UE (il n’a pas encore reçu l’autorisation complète de mise sur le marché, ndlr) peut être utilisé pour traiter les adultes atteints du Covid-19 qui n’ont pas besoin d’oxygène supplémentaire et qui présentent un risque accru de développer une forme sévère de la maladie », a-t-elle fait savoir via un communiqué.

Le traitement, qui inclut également une faible dose de Ritonavir (un inhibiteur de protéase habituellement utilisé contre le virus du Sida), consiste à prendre le médicament deux fois par jour pendant cinq jours. Il est déconseillé pendant la grossesse et chez les personnes pouvant tomber enceintes et n’utilisant pas de contraception. L’allaitement doit être interrompu pendant le traitement, précise enfin l’EMA.

La Belgique n’a rien commandé

Cet avis positif pour une utilisation d’urgence accordé, chaque pays de l’Union peut maintenant décider, à son échelle, d’utiliser (ou non) le Paxlovid en cas de pic d’infections, d’hospitalisations et de décès liés au Covid-19.

Toutefois, en Belgique, il y a peu de chances que vous en bénéficiez dans un futur proche.

D’une part car, comme précisé ci-dessus, l’EMA stipule qu’il faut être considéré comme « à risque » pour y avoir droit. D’autre part car la Belgique n’est tout simplement pas près d’en recevoir… dans la mesure où elle n’en a pas encore commandé. C’est ce qu’a confié en début de semaine Wendy Lee, porte-parole du SPF Santé publique, au Morgen.

L’avis positif rendu par l’EMA ce jeudi pourrait faire changer les choses. Mais, quoi qu’il en soit, il est peu probable que le Paxlovid soit rapidement déployé massivement chez nous, rapporte Humo. Premièrement car le médicament ne semble vraiment utile que pour un nombre restreint de personnes (celles à risque). Deuxième car ça coûte cher: 470 euros par traitement.

Notons que le gouvernement belge a, en revanche, annoncé être en négociation avec Merck pour un premier achat de 10.000 de son Molnupiravir. Cet antiviral oral a pourtant affiché des résultats bien moins prometteurs que ceux du Paxlovid: il permet de réduire de 30% les risques d’hospitalisation et de décès chez les personnes à haut risque. Il est aussi plus cher: 600 euros par traitement.

Stratégies opposées

Si cette attitude peut surprendre, notons que la Belgique joue surtout la carte de la prudence. Tant le Paxlovid que le Molnupiravir n’ont pour l’instant reçu qu’un avis positif pour une utilisation d’urgence de la part de l’EMA. N’ayant été déployés en masse nulle part, des incertitudes demeurent concernant leur réelle efficacité et leurs éventuels effets secondaires. Notre pays préfère donc patienter avant de se lancer dans de grandes commandes.

Une stratégie respectable qui n’est toutefois pas suivie par tout le monde. Le Royaume-Uni, par exemple, s’est lancé cette semaine dans un plan visant à administrer du Molnupiravir à des milliers de patients « parmi les plus vulnérables ». La France a adopté une posture totalement différente, refusant la semaine dernière d’accorder son feu vert au médicament de Merck, même en cas d’urgence. Elle en avait pourtant commandé plusieurs dizaines de milliers de doses, mais elle le juge finalement trop peu efficace.

De l’autre côté de l’Atlantique, on ne traîne pas. Les Etats-Unis ont déjà commandé 10 millions de doses de Paxlovid et 3,1 millions de doses de Molnupiravir… en attendant que le régulateur national ne leur donne son feu vert.

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