Le Nicaragua se retire de la – courte – liste des pays qui reconnaissent intégralement Taïwan comme un État souverain. Un coup dur pour l’île, de plus en plus isolée sur cette question cruciale. Et une victoire de plus pour Pékin.
Coup dur pour Taïwan : le Nicaragua vient d’annoncer qu’il annulait sa reconnaissance de l’île comme un pays souverain, au profit de la République populaire de Chine. « Le gouvernement de la République du Nicaragua rompt aujourd’hui ses relations diplomatiques avec Taïwan et cesse d’avoir tout contact ou relation officielle », indique un communiqué du ministère des Affaires étrangères, publié en espagnol et en anglais. « La République populaire de Chine est le seul gouvernement légitime qui représente toute la Chine et Taïwan est une partie inaliénable du territoire chinois. »
Deux drapeaux pour une Chine
Le gouvernement de Managua change donc totalement son fusil d’épaule et adhère à la version officielle de Pékin du conflit qui couve toujours entre la République populaire de Chine – l’État communiste continental – et la République de Chine, communément appelée Taïwan, le dernier bastion du régime républicain nationaliste fondé en 1912.
Cette dernière n’était plus reconnue officiellement que par quinze États souverains ; avec le Nicaragua, cela en fait un de moins. Ne restent plus donc que l’Eswatini (l’ancien Lesotho), le Saint-Siège, les Îles Marshall, Palaos, Nauru, Tuvalu, Haïti, Saint-Christophe-et-Niévès, Sainte-Lucie, Saint-Vincent-et-les-Grenadines, Belize, Guatemala, Honduras, et Paraguay.
Le Nicaragua a fait partie de cette liste de 1962 à 1985, avant un retrait en 1985, puis un retour en 1990, et ce jusqu’à nos jours.
Après l’expulsion de Taïwan (officiellement la République de Chine) des Nations unies en 1971 et le transfert du siège à la République populaire de Chine, la plupart des gouvernements ont également modifié leurs liens bilatéraux, souvent sous la pression intensive de Pékin, qui est hypersensible à toute reconnaissance implicite ou réelle de Taïwan. La Lituanie a pu récemment en faire les frais : seule parmi l’UE à avoir accueilli une délégation commerciale taïwanaise permanente, elle subit les foudres chinoises depuis juillet dernier.
Le personnel diplomatique fait ses bagages
Une liste dont est récemment sorti l’archipel des Îles Salomon, qui a décidé de soutenir Pékin plutôt que Taipei en 2019, et ce qui serait une des raisons des troubles que traverse le pays depuis plusieurs semaines, cette décision ne faisant pas l’unanimité. Il convient de préciser que Taïwan a parfois été suspecté de monnayer sa reconnaissance avec des pays pauvres du Pacifique.
Le gouvernement de Taïwan a exprimé sa « douleur et son regret sincères » face à la décision « unilatérale » du Nicaragua et a accusé le gouvernement dirigé par Daniel Ortega de ne pas tenir compte d’une « amitié ancienne et étroite » entre les deux peuples. « Taïwan a toujours été un ami sincère et fiable du Nicaragua et a longtemps travaillé avec le Nicaragua pour améliorer les moyens de subsistance de son peuple et aider à son développement national », a-t-il déclaré, ajoutant qu’il mettrait immédiatement fin aux relations de son côté et rappellerait tout le personnel diplomatique « pour sauvegarder la souveraineté et la dignité nationales. »