La dépénalisation du cannabis a permis aux scientifiques d’étudier d’une manière plus sérieuse et plus systématique cette plante que certains considèrent comme miraculeuse, sans craindre de se voir reprocher de faire l’éloge d’un produit stupéfiant. mais si le chanvre ne manque pas d’intérêts pour la médecine, celle-ci met aussi de plus en plus souvent en garde sur les effets secondaires de sa consommation.
Plus tôt cette année, des hôpitaux américains mettaient en garde contre un étrange mal gastrique particulièrement douloureux -voire mortel- qui semble lié à un usage intensif du cannabis. Moins alarmant, mais peut-être assez contre-intuitif pour certains : alors que la ganja garde une image de drogue qui détend, voire qui assoupit, elle a en fait des effets très nocifs sur notre sommeil.
Dormir plus, moins se reposer
Une étude publiée dans le BMJ Journals, un site web compilant des recherches médicales, a interrogé 21.700 Américains sur leurs habitudes de sommeil, et ils étaient 14,5% dans cet échantillon à avoir consommé du cannabis dans le mois écoulé. Or, il s’avère que parmi cette population fumeuse, 34% étaient plus susceptibles de déclarer un sommeil court (moins de 6h) et 56 plus susceptibles de déclarer un sommeil long (plus de 9h) que ceux qui n’avaient pas consommé de cannabis au cours des 30 derniers jours. Comme si le cannabis pouvait tant réduire qu’augmenter le temps moyen de sommeil nécessaire à l’organisme.
Les consommateurs modérés, définis comme ayant consommé du cannabis moins de 20 fois au cours des 30 derniers jours, étaient 47% plus susceptibles de dormir neuf heures ou plus par nuit que les non-consommateurs. La situation était encore pire pour les gros consommateurs, définis comme ayant consommé du cannabis 20 fois ou plus au cours des 30 derniers jours, qui étaient 64% plus susceptibles de souffrir d’un manque de sommeil et 76% plus susceptibles de dormir trop longtemps que les non-consommateurs.
Des recherches qui doivent encore germer
Si les résultats de l’étude pointent donc vers une réduction significative de la qualité de sommeil chez les amateurs de chanvre, celle-ci n’a toutefois pas cherché à expliquer pourquoi le cannabis semble être associé à une qualité de sommeil réduite. La question reste donc ouverte. Il faut d’ailleurs souligner la disparité de ces résultats.
Les chercheurs affirment qu’il faut poursuivre les recherches sur la façon dont la consommation de cannabis affecte la qualité du sommeil des personnes. Ils remettent également en question de nombreux nouveaux traitements expérimentaux qui considèrent le cannabis comme une aide possible aux problèmes de sommeil.
« La prévalence croissante de la consommation de cannabis et du manque de sommeil dans la population est une cause potentielle de préoccupation », expliquent les auteurs de l’étude. « Malgré la littérature actuelle démontrant des effets mitigés du cannabis et de diverses formulations de cannabinoïdes sur l’architecture et la qualité du sommeil, ces agents sont de plus en plus utilisés comme thérapies expérimentales prescrites et non prescrites pour les troubles du sommeil. »