Des notes griffonnées de la main du célèbre scientifique, avant même qu’il ne soit mondialement connu, ont été vendues pour une somme astronomique. Elles datent de l’époque où Einstein mettait au point sa théorie de la relativité générale, qui allait révolutionner les sciences pour toujours.
Ça en surprendra certains et ça en rassurera d’autres, mais il n’y a pas que les reliques de Steve Jobs qui s’arrachent à des sommes démentielles comme si elles avaient été écrites de la main d’un prophète. Les génies de la science semblent s’en tirer plutôt bien aussi. C’est en tout cas ce qu’on peut déduire de cette vente record qui s’est déroulée à Paris : les notes manuscrites d’Albert Einstein, sur lesquelles il a gribouillé ses travaux sur la théorie de la relativité, ont trouvé preneur pour pas moins de 11,6 millions d’euros.
Réconcilier la gravité avec la relativité restreinte
L’objet de cette vente a été qualifié de « sans doute le manuscrit d’Einstein le plus précieux jamais mis aux enchères » par Christie’s, la société de vente aux enchères internationale chargée de mener à bien l’opération. Le prix initial de ce document n’était pourtant estimé qu’à deux ou trois millions d’euros. Mais il est vrai qu’il ne s’agit pas ici de n’importe quel manuscrit ou de n’importe quel courrier privé : il s’agit de travaux préparatoires sur lesquels Einstein s’est penché alors qu’il n’était pas encore un savant reconnu, et qu’il peaufinait ce qui serait la première grande découverte de sa vie : la théorie de la relativité général, qu’il a publiée en 1915. Pour rappel, celle-ci décrit l’influence de la présence de matière, et plus généralement d’énergie, sur le mouvement des astres en tenant compte des principes de la relativité restreinte.
Cela l’occupe de 1907 à 1915, mais le savant natif d’Allemagne a ainsi réconcilié la pensée de Newton, pour qui les astres émettent les uns sur les autres une force qui dépend de leur position et qui est instantanée (la gravitation universelle), et les principes de la relativité restreinte, suivant lesquels aucune information ne peut se propager plus vite que la vitesse de la lumière dans le vide, ce qui contredit donc Newton. Ce paradoxe, Albert Einstein va le surmonter en avançant que la gravitation n’est pas une force, mais la manifestation de la courbure de l’espace-temps produite par la distribution de l’énergie, sous forme de masse ou d’énergie cinétique, qui diffère suivant le référentiel de l’observateur. Cela parait compliqué, et ça l’est. Mais c’est un des grands fondements de la science moderne.
Un record, même pour Einstein
Les précédents records pour les œuvres d’Einstein étaient de 2,8 millions de dollars pour la lettre dite « de Dieu » en 2018, et de 1,56 million de dollars en 2017 pour une lettre sur le secret du bonheur.
Les enchères pour ces notes uniques ont débuté mardi à 1,5 million d’euros et ont rapidement dépassé l’estimation des commissaires-priseurs. Après quelques minutes, il ne restait plus que deux enchérisseurs, qui s’affrontaient par téléphone par tranches de 200 000 euros. Il n’y a pas eu d’information immédiate concernant l’identité, ou la nationalité, du gagnant. Voila qui éclipse les quelques réflexions sur le bouddhisme d’un informaticien.