Le shekel israélien est à son plus haut niveau depuis 25 ans par rapport au dollar et à l’euro. C’est une bonne nouvelle pour les consommateurs israéliens. Pourtant, dans l’État juif, l’expression « syndrome hollandais », inventée autrefois par l’hebdomadaire libéral The Economist, revient de plus en plus. Elle attribue la force d’une monnaie à la découverte récente d’une matière première. Le magazine a attribué la cause de la vigueur du florin néerlandais dans les années 1960 entièrement à la découverte récente de réserves de gaz naturel.
Le shekel israélien est désormais la monnaie la plus forte du monde
Pourquoi est-ce important ?
L'État juif a remporté des succès économiques remarquables dans les domaines de la technologie et de l'énergie au cours du dernier quart de siècle. Mais la dépendance à l'égard de son secteur high-tech en plein essor pourrait bien coûter cher au pays.Dans un passé pas si lointain, un shekel fort aurait provoqué une onde de choc dans l’économie israélienne, écrit le journal Haaretz (€). Les exportations étaient le moteur de l’économie. Si la monnaie israélienne augmente trop par rapport au dollar, les produits israéliens deviennent moins attractifs à l’étranger. Les bénéfices de l’entreprise seraient alors également dilués. Des licenciements suivraient, affectant les secteurs de l’économie qui ne vivent pas des exportations.
Les exportations fortes ne sont plus une menace
Les exportations restent importantes pour Israël aujourd’hui. Mais l’époque où un shekel fort était considéré comme une menace sérieuse est révolue. La valeur de la monnaie a augmenté de 20 % au cours de l’année dernière. Il est à son plus haut niveau depuis 25 ans. La différence est qu’aucun Israélien ne semble s’en soucier, à l’exception de l’Association des fabricants, qui représente l’establishment industriel israélien.
Au cours de l’année écoulée, la banque centrale israélienne est intervenue de moins en moins sur les marchés des devises. Elle prévoit de le faire encore moins en 2022. Pourquoi le devrait-elle ? La Banque d’Israël prévoit une croissance du produit intérieur brut de 7 % cette année et de 5,5 % l’année prochaine, l’économie sortant de la récession de Covid. Les exportations de biens et de services continuent d’augmenter, les finances publiques se sont remises remarquablement vite de la pandémie.
Israël = high-tech et énergie
Le shekel fort est la conséquence de la position de force que l’État juif a acquise au cours des 25 dernières années dans les domaines de la haute technologie et de l’énergie. Dans le domaine du high-tech, Israël abrite certaines des start-up les plus prometteuses du monde. Les investisseurs étrangers ont déboursé plus de 37 milliards USD au cours des six premiers mois de 2021 pour des acquisitions et des participations dans de nombreuses entreprises technologiques israéliennes.
Israël a également fait de grands progrès dans le domaine de l’énergie. Bien que le pays importe toujours du pétrole et du charbon, ses propres réserves de gaz l’ont rendu moins dépendant des sources étrangères pour son approvisionnement énergétique. Israël exporte même du gaz naturel, ce qui a éliminé les déficits commerciaux. Tout cela profite au shekel : les devises entrent dans le pays et sont rapatriées en shekels.
Syndrome hollandais
Ce qui nous amène au « syndrome hollandais » : le pays devient de plus en plus dépendant de son secteur de la haute technologie. Mais cette dépendance devient progressivement un problème, car trop peu d’Israéliens possèdent les compétences et la formation nécessaires pour travailler dans le secteur de la haute technologie. Ce que le gaz naturel était aux Pays-Bas au XXe siècle, la haute technologie pourrait bien le devenir pour Israël au cours de ce siècle.