Jamais dans leur histoire les États-Unis ne se sont retrouvés face à un défaut de paiement. Mais cela pourrait arriver d’ici deux semaines, a prévenu Janet Yellen, la secrétaire au Trésor. Et les conséquences seraient dévastatrices.
Depuis plusieurs semaines, Janet Yellen ne cesse de lancer des alertes. Si rien ne change, les États-Unis se retrouveront en défaut de paiement à la mi-octobre. D’ici là, elle exhorte donc les décideurs à relever ou à suspendre le plafond de la dette.
Actuellement, le département du Trésor a recours à des « mesures extraordinaires » pour rembourser les recettes américaines depuis que le dernier plafond de la dette a été atteint à la fin du mois de juillet. Ces mesures permettent au département de conserver des liquidités et de puiser dans certains comptes sans émettre de nouvelles obligations. Mais elles sont temporaires et devraient cesser de fonctionner aux alentours du 18 octobre, selon les estimations du Trésor.
Conséquences en cascade
Ce mardi, à l’occasion d’une interview accordée à CNBC, Mme Yellen a une nouvelle fois appelé les démocrates et les républicains à s’occuper urgemment de ce plafond de la dette.
« Je considère le 18 octobre comme une date limite. Il serait catastrophique de ne pas payer les factures du gouvernement, de nous retrouver dans une position où nous n’avons pas les ressources nécessaires pour payer les factures du gouvernement », a déclaré Mme Yellen. « Je m’attends tout à fait à ce que cela provoque une récession ».
Un défaut de paiement américain entraînerait plus que probablement des dommages considérables en raison d’une hausse des taux d’intérêt, d’une perte de confiance dans la capacité de Washington à honorer ses obligations futures en temps voulu et d’un retard potentiel des chèques de sécurité sociale pour quelque 50 millions de personnes âgées. Les fonctionnaires et les membres des services armés américains pourraient également voir leur salaire suspendu.
Un tel événement pourrait aussi inciter certains pays à détenir moins d’obligations du Trésor, ce qui affaiblirait la demande pour le dollar. La Chine pourrait alors en profiter pour tenter de remplacer le billet vert comme monnaie préférée dans le monde.
« Les titres du Trésor américain ont longtemps été considérés comme l’actif le plus sûr de la planète », a expliqué Mme Yellen. « Cela explique en partie le statut de réserve du dollar. Et le remettre en question en ne payant pas les factures qui arrivent à échéance serait vraiment un résultat catastrophique. »
Pourquoi ça coince ?
Lundi, le président Joe Biden a prié les républicains, qui disposent d’une minorité de blocage au Sénat, d’accepter cette semaine de relever le plafond de la dette, sous peine d’entraîner un bouleversement économique pour les Etats-Unis, et par conséquent pour le monde entier.
Les républicains disent en avoir assez de ce qu’ils considèrent comme les plans de dépenses excessives des démocrates. A savoir, entre autres, un plan de 3.500 milliards de dollars pour réformer en profondeur le tissu social des Etats-Unis. Selon eux, il faut suspendre ce projet de loi, que les démocrates – une fois leurs querelles intestines résolues – souhaitent faire passer via une procédure dite « de réconciliation », face à laquelle les républicains seraient impuissants.
« Depuis la mi-juillet, les républicains ont clairement indiqué que les démocrates devront relever la limite de la dette par eux-mêmes », a écrit Mitch McConnell, le chef des républicains au Sénat, à Biden lundi. « Le bipartisme n’est pas un interrupteur que la présidente Pelosi et le leader Schumer peuvent actionner pour emprunter de l’argent et éteindre pour le dépenser. »
« Depuis deux mois et demi, nous avons simplement averti que puisque votre parti souhaite gouverner seul, il doit aussi gérer seul la limite de la dette », a-t-il ajouté.
Si les républicains conservent bel et bien leur ligne de conduite, les démocrates pourraient finalement être contraints d’inclure une suspension du plafond dans leur projet de réconciliation, note CNBC. Ce qui ne sera pas facile, car de nombre d’entre eux estiment que cet énorme texte législatif ne pourra pas prêt avant plusieurs semaines.
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