Les vins de Bourgogne ont perdu environ la moitié de leur récolte cette année en France en raison du gel printanier, ce qui va freiner les performances de l’appellation à l’exportation, a estimé mardi l’interprofession.
« Le gel m’a tué », résume dans une boutade François Labet, le président délégué du Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne (BIVB). « Selon une estimation purement théorique, nous aurons cette année 50% de la récolte habituelle, soit 750.000 hectolitres environ », contre 1,56 million en 2020, a-t-il détaillé lors d’une conférence de presse à Meursault (centre-est).
Ces pertes catastrophiques, dues aux fortes gelées de Pâques qui ont détruit les premiers bourgeons, mettront un coup d’arrêt brutal aux records enregistrés à l’export, qui représente la moitié des ventes, selon le BIVB. Ainsi, les vins de Bourgogne ont dépassé à l’export les résultats d’avant la crise sanitaire, avec une hausse de 22,1% en volume et 26,2% en valeur sur les sept premiers mois de 2021 comparé à la même période de 2019. Le chiffre d’affaires à l’export établit un nouveau record sur les sept premiers mois de 2021, à 741 millions d’euros.
En France, même si de nouveaux records ne sont pas franchis, la croissance pour les vins tranquilles atteint 22,1% en valeur sur les six premiers mois de cette année, comparé à la même période de 2020. Mais « on ne pourra pas garder ce rythme », a averti le président du BIVB Frédéric Drouhin, en raison de la récolte sévèrement amputée de 2021 qui va mettre à mal les stocks. Les réserves de vin sont en moyenne en Bourgogne de « deux ans » seulement, a-t-il précisé soulignant que la profession espérait une « récolte 2022 pleine ». « Cela suffira-t-il à faire le joint alors que la demande est toujours aussi importante? », questionne François Labet, en soulignant que, depuis 2010, la Bourgogne n’a bénéficié que de « deux années normales: 2017 et 2018 ». « Sur dix ans, la récolte moyenne a chuté d’environ 30% en moyenne par an ».
M. Labet, cependant, ne s’attend pas à une flambée des prix. « Je pense que les Bourguignons seront raisonnables. Personne n’a envie de perdre des marchés donc chacun supportera les hausses de charges » dues au gel, a-t-il estimé, rappelant que, en 2016, autre année durement touchée par les aléas climatiques, « les prix ne s’étaient pas envolés »
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