Boris Johnson soutient le projet d’un pont traversant la mer d’Irlande. Celui-ci, s’il se concrétise, fera au moins 32 kilomètres de long, et bravera la mer et les tempêtes. Pour une utilité pratique qui n’est guère évidente au premier abord.
« Irish Sea Brigde » ou « Celtic Crossing » entre autres propositions, il n’y a pas encore de nom défini pour ce projet. Mais il s’agira sans conteste d’un ouvrage aussi unique qu’ambitieux : un pont qui reliera l’Irlande du Nord à l’Écosse, matérialisant un lien d’acier entre les deux principales iles de l’archipel britannique. Ce ne sera pas le plus long pont au monde à traverser un bras de mer, mais il est quand même estimé à 32 kilomètres de long.
Lien d’acier pour Royaume-Uni
Des projets de ce genre ne datent pas d’hier : l’idée avait déjà été évoquée dès les années 1890, à une époque où l’on considérait que rien n’était trop grand pour le génie humain, s’il avait assez d’acier à disposition, et assez de charbon pour le produire et le modeler. Mais cette concrétisation, imaginée dès 2018, bénéficie du soutien fort appuyé du Premier ministre britannique Boris Johnson. Et celui-ci n’a pas minimisé les difficultés inhérentes à un tel chantier en pleine mer, dans un détroit secoué de tempêtes et où même la géologie n’est pas une alliée de l’humanité. Le premier Britannique n’a pas hésité à parler du « plus grand défi depuis les stocks de munitions de la Seconde Guerre mondiale abandonnés en mer d’Irlande. » Une comparaison plutôt osée avec un scandale de pollution chimique, quand même.
La mer en dessous, la tempête autour
Le tracé de ce pont n’étant pas encore certain, on ne peut qu’estimer son prix. Mais l’ouvrage devrait coûter au bas mot 15, voire 20 milliards de livres. Soit entre 17,5 et 23 milliards d’euros. Quant à son utilité pratique à l’époque où bacs et avions traversent en masse la mer d’Irlande, elle n’est pas évidente au premier abord. Mais dans le double contexte du Brexit et des soubresauts indépendantistes en Écosse, le gouvernement Johnson ne manque pas une occasion de renforcer le sentiment d’appartenance à un pays unique et uni, ici sous prétexte de renforcer la connectivité des différentes entités du royaume. M. Johnson veut – très littéralement- bâtir des ponts entre les communautés qui composent la Grande-Bretagne.
Sans vouloir jeter un froid, il reste l’ombre du climat qui plane sur ce futur pont. Car la mer d’Irlande est connue pour ses averses, ses vents et ses tempêtes, qui ont déjà coûté la vie à nombre de navigateurs au fil des générations. Il est donc probable qu’un pont de 32 kilomètres au-dessus de la mer doive régulièrement traverser des périodes de fermeture. A tel point que le ministre des Transports Grant Shapps envisage un tunnel avec plus de sérénité.
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