Il n’y a pas de consensus sur le maintien de la Station spatiale internationale après 2024. La Chine et la Russie semblent en bonne voie pour tracer leur propre orbite dans de nouvelles stations. Quant aux Américains et aux Européens, ils aimeraient bien encore rester à bord de l’ISS. Mais celle-ci se dégrade.
La fin approche pour la Station spatiale internationale, mais la Chine a déjà pris le relais
Pourquoi est-ce important ?
Plus un mois ne passe sans qu'un nouveau problème n'apparaisse sur l'ISS. En juillet dernier, le démarrage intempestif du réacteur du nouveau module Nauka avait fait dériver la station de son orbite. Ces dernières semaines, l'agence spatiale russe s'est alarmée de la multiplication des fissures. Alors que sa fin de carrière était programmée pour 2024, il n'est pas certain qu'elle soit prolongée jusqu'en 2030 comme c'était un temps souhaité.La fin du rêve de 19 nations
Elle aura eu un grand rôle à jouer dans l’histoire de la présence humaine dans l’espace, mais toutes les carrières ont une fin. Assemblée conjointement par les Russes et les Américains à partir de 1998, la Station spatiale internationale (ISS) est gérée collectivement par un accord entre 19 pays, mais celui-ci s’achève en 2024. Et si la NASA et l’ESA (l’Agence spatiale européenne) se sont déjà prononcées pour une prolongation de la station jusqu’en 2030, le gouvernement américain ne semblait pas prêt à desserrer les cordons de sa bourse jusqu’à un accord salutaire fin 2018 entre la Chambre et le Sénat.
Quant aux Russes, ils semblent dorénavant plus intéressés par des projets en solo. Il y a bien eu OPSEK (Orbital Piloted Assembly and Experiment Complex), l’idée d’une nouvelle station autonome servant de dernier oasis pour de futures missions d’exploration du système solaire, et dont les premiers modules devaient provenir de l’ISS, dont les secteurs russe et américain peuvent se désolidariser. Mais le projet a été abandonné en 2017. En avril dernier toutefois, l’agence russe Roscosmos a officialisé son désir de ne plus s’impliquer dans l’ISS à partir de 2024, et de prendre son autonomie dans un nouveau complexe habité totalement neuf, ROSS (Russian Orbital Service Station) attendu pour 2025.
Étoile rouge dans l’espace
Sans le soutien des deux pays qui l’ont créée, c’est donc probablement la fin pour l’ISS. Russie et USA sont censés prendre chacun la responsabilité de leur secteur, que ce soit pour son recyclage ou sa destruction, à moins que les Occidentaux n’acceptent de continuer un temps en solo dans une demi-station. Cela va laisser un vide.
Un vide que les Chinois désirent combler, avec plus de hâte que les Russes peut-être. L’Empire du Milieu s’est donné pour objectif de bâtir sa propre présence permanente dans l’espace durant la décennie 2020 avec Zhōngguó kōngjiānzhàn, la future station chinoise, appelée CSS par les Occidentaux. Celle-ci se composera à terme de trois modules qui réuniront une soixantaine de tonnes à une orbite comprise entre 300 et 400 km d’altitude. Le module central Tianhe a été mis sur orbite le 29 avril dernier par une fusée Longue Marche 5B, et il devrait rester opérationnel pendant 10 ans. Les deux modules suivants, Mentian et Wengtian, devraient décoller courant 2022.
La Chine fait là un grand bond en avant par rapport à ces stations précédentes, Tiangong-1 et 2, simples « containers » de 15m3 capables d’accueillir trois personnes. Mais Zhōngguó kōngjiānzhàn restera encore petite, par rapport aux 400 tonnes et 400m3 utilisables de l’ISS au temps de sa gloire.
Quel que soit l’avenir de l’exploration spatiale, entre Russes, Chinois, et Américains, il faudra reprendre l’habitude de parler de stations comme d’une galaxie de satellites habités, et non plus un unique vaisseau en orbite. Quant à la collaboration entre les différents équipages, nous verrons si elle est encore à l’ordre du jour.
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