Facebook prévoit d’annoncer qu’il va volontairement diminuer les messages politiques et les contenus dans le fil d’actualité des utilisateurs, a appris Axios. Ces efforts font partie d’un effort progressif de Facebook pour diminuer la désinformation et rendre les expériences de ses utilisateurs moins politiques et conflictueuses, une mesure souvent demandée par les utilisateurs de la plateforme.
« Il y a eu une tendance à travers la société de politiser beaucoup de choses, et la politique a eu une façon de s’insinuer dans tout », a dit Zuckerberg, PDG de Facebook. « Nous devons équilibrer cela soigneusement parce que nous avons un engagement profond envers la liberté d’expression », a-t-il ajouté.
Qu’est-ce qui va changer ?
- Les sujets politiques ne représentent qu’une petite partie (6 %) de l’ensemble du contenu auquel les utilisateurs s’intéressent, a écrit le vice-président chargé de l’analyse et responsable du marketing chez Facebook. Reste à savoir comment l’entreprise définit le contenu politique.
- L’actualité et les contenus de dernière minute sont les plus susceptibles d’être exploités pour la désinformation, car ce sont ceux dont les faits sont les plus difficiles à vérifier.
- Ces changements pourraient réduire le trafic vers certains éditeurs d’information, en particulier les entreprises qui publient beaucoup de contenu politique.
- À la place de contenu politique, Facebook commencera à accorder une plus grande importance à d’autres types de commentaires des utilisateurs, comme les réponses aux enquêtes.
- Facebook prévoit de mettre en place ces changements progressifs, afin de ne pas prendre au dépourvu trop d’éditeurs politiques et d’informations.
- Cette réduction du contenu est déjà en phase de test aux États-Unis, au Canada, au Brésil et en Indonésie, et va bientôt s’étendre à d’autre pays, tel que le Costa Rica, la Suède, l’Espagne et l’Irlande.
Après l’élection américaine de 2020, Facebook a essayé de limiter la quantité de contenu politique avec lequel les utilisateurs interagissent sur sa plateforme, mais il est encore régulièrement critiqué pour la quantité de désinformations politiques qu’il distribue.
En janvier, la société avait annoncé qu’elle cesserait de recommander aux utilisateurs de rejoindre des groupes civiques et politiques.
Qui sera censuré ?
Outre les éditeurs de presse, les acteurs politiques eux-mêmes pourraient faire face à cette punition algorithmique de Facebook. Dans le top 10 des politiciens européens qui dépensent le plus sur Facebook, proportionnellement au nombre d’habitants, 7 d’entre eux sont belges.
La publicité via Facebook constitue un moyen très bon marché d’atteindre de nombreuses personnes et il n’existe pas de plafond pour les politiciens – en dehors des périodes électorales. « Le PTB a dépensé plus de 1,5 million d’euros sur Facebook en trois ans », s’est offusqué Paul Magnette (PS) dans une récente interview.
Les plateformes sociales qui ont profité massivement de la politique et de la liberté d’expression veulent soudainement trouver un moyen de protéger leurs arrières. La question de trouver un équilibre entre liberté d’expression et la désinformation reste pertinente, mais complexe, surtout quand des enjeux économiques sont en jeu, aussi bien pour Facebook comme pour beaucoup de politiciens et éditeurs qui comptent sur ces plateformes. Reste à savoir comment Facebook définit le contenu politique et quelles seront exactement les changements dans ses algorithmes.
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