Gabrielus Landsbergis, le ministre lituanien des affaires étrangères, accuse le Belarus de faire venir par avion des migrants de l’étranger afin de les aider à franchir la frontière avec les pays de l’UE.
La Biélorussie, qui croule sous les sanctions, a réussi à faire mal à l’UE
Pourquoi est-ce important ?
Si le Belarus aide activement les demandeurs d'asile à franchir les frontières de l'UE, la politique d'immigration et d'asile de l'UE, faible et fragmentée, risque de recevoir un nouveau coup.Depuis que la Biélorussie a détourné un vol Ryanair reliant Athènes à Vilnius le 25 mai, les relations entre Minsk et l’Union européenne sont en état de crise. L’UE a imposé une liste de sanctions à l’ancienne république soviétique, qui a réagi en annonçant qu’elle n’arrêterait plus les migrants qui veulent traverser la frontière. En d’autres termes, les demandeurs d’asile seraient utilisés comme une arme politique. Un député lituanien affirme également que la Biélorussie et la Russie, avec l’aide de l’Iran, mettent en place des réseaux de passeurs pour acheminer des personnes vers la frontière lituanienne.
Changement dans la composition des flux migratoires
Selon l’agence européenne de protection des frontières et des côtes Frontex, les autorités lituaniennes ont enregistré plus de 800 franchissements illégaux de la frontière avec le Belarus au cours de la première semaine de juillet. Alors qu’au cours du premier semestre, la plupart des migrants venaient d’Irak, d’Iran et de Syrie, les autorités ont récemment remarqué un changement dans la composition des flux migratoires. En juillet, les citoyens de la République du Congo, de la Gambie, de la Guinée, du Mali et du Sénégal ont représenté la majorité des arrivées.
L’agence de presse Reuters a cité une réfugiée qui a pris l’avion de Mogadiscio, la capitale somalienne, à Istanbul et de là, à Minsk, la capitale biélorusse. Là, elle a dû payer 7 000 dollars (6 000 euros) pour être emmenée en Lituanie.
Un mur dans l’UE
La Lituanie a annoncé la semaine dernière qu’elle allait installer des barbelés le long de sa frontière avec la Biélorussie. Celle-ci sera ensuite remplacée par une « clôture physique » de deux mètres de haut, un mur en d’autres termes.
Si les accusations de la Lituanie sont fondées, elles pourraient avoir un impact majeur sur la politique d’asile de l’UE. Jusqu’à présent, lors des conflits entre l’UE et ses voisins, les demandeurs d’asile ont pu franchir la frontière sans être inquiétés. Si Biélorussie commence à aider activement les demandeurs d’asile à franchir les frontières de l’UE, la politique d’immigration et d’asile de l’UE, faible et fragmentée, risque de recevoir un nouveau coup. Le directeur de Frontex, Fabrice Leggeri, a confirmé que son organisation ramènera, si nécessaire, les migrants directement dans leur pays d’origine sur des vols commerciaux et charters s’ils n’obtiennent pas le statut de réfugié.
La Biélorussie est incapable de frapper l’UE avec des sanctions économiques efficaces. Le régime voyou du dictateur Aleksandr Lukashenko semble désormais avoir trouvé un moyen bien plus efficace de nuire à l’Union. Que des personnes désespérées et innocentes en paient le prix n’a aucune importance pour Minsk.
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