Si le nouveau président prend des mesures d’envergure dès maintenant, un virage énergétique complet aux USA est crédible. Et les conséquences seraient très positives, pour l’environnement et la santé comme pour l’économie.
Dans sa volonté de se distancier autant que possible de la politique de son prédécesseur, Joe Biden compte placer l’écologie très haut sur son planning. Le président américain s’est fixé comme objectif que d’ici 2030, au moins 80% de l’électricité de son pays sera issue d’énergies renouvelables.
Un but qui, selon une étude menée par des chercheurs des universités de Harvard, de Syracuse, et du Georgia Institute of Technology, aurait des conséquences éminemment positives sur la santé des Américains, et sauverait même la vie de nombre d’entre eux. La baisse drastique de l’usage de gaz, charbon et pétrole que cela représenterait ferait chuter la pollution atmosphérique à tel point que 317.500 décès pourraient être évités sur une période de 30 ans. Un miracle qui garantirait une vie plus longue et plus agréable à tous les asthmatiques à toutes les personnes à risque de troubles respiratoires. L’étude prédit 9.200 décès prématurés en moins rien que pour l’année 2030, si cet objectif est atteint.
Un boom économique
Pour Kathy Fallon Lambert, de l’École de Santé Publique de Havard et co-autrice de l’étude, le pays aurait tout à y gagner: « Et nous n’avons même pas pris en compte l’impact sur la santé des vagues de chaleur et des autres perturbations induites par le changement climatique. »
Et on peut bien parler de bénéfices, car une ambitieuse réforme de l’énergie serait en fait très rentable. L’étude souligne que les USA économiseraient 1,13 billion -soit mille milliards- de dollars d’ici 2050 en soins de santé grâce à cette amélioration subite de la qualité de l’air. Le coût de cette réforme est estimé à 342 milliards en investissement et coût de maintenance, mais sur le long terme, les énergies renouvelables entraînent des coûts fixes bien moins élevés que le secteur fossile. Et entraver autant le changement climatique aurait des répercussions économiques très positives, estimées à 637 milliards.
Reste à contourner le principal obstacle à ce plan ambitieux et prometteur: la politique. Car l’administration Biden doit négocier avec l’opposition des Républicains, qui s’est opposée à ce que l’objectif des 80% de renouvelable d’ici 2030 soit couché noir sur blanc dans le grand projet de loi sur l’infrastructure (major infrastructure bill) défendu par le président.
Biden espère faire passer cette mesure dans une « loi de réconciliation » (reconciliation bill) qui sera votée au Sénat sans distinction de parti. Mais pour avoir une chance de faire passer cette décision, il faudra qu’elle soit au minimum soutenue par la totalité des démocrates, ce qui n’est pas une certitude.
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