Ce jeudi, les marchés financiers concentrent toute leur attention sur la réunion de la Banque centrale européenne. Sous la direction de sa présidente, Christine Lagarde, la BCE a levé des milliers de milliards d’euros pour désamorcer la crise corona, par des achats massifs d’obligations. Le moment est-il venu de mettre fin aux programmes de rachat ?
La Banque centrale européenne a lancé le programme exceptionnel d’achat d’urgence en cas de pandémie (PEPP) en mars 2020. Cela a impliqué des achats massifs de titres auprès des gouvernements et des entreprises. L’objectif était de maintenir les taux d’intérêt à un niveau bas afin d’oxygéner l’économie et de limiter ainsi l’impact de la pandémie.
L’évolution du bilan de la BCE illustre l’ampleur de la récente création monétaire. Les titres et autres actifs figurant au bilan de la banque centrale représentent désormais quelque 7.700 milliards d’euros, soit plus du double par rapport au début de la crise. Cela est dû principalement aux achats exceptionnels du PEPP, mais aussi à d’autres programmes de soutien, qui portent invariablement des acronymes souvent mystérieux (comme APP ou TLTRO).
Jamais dans son histoire la BCE n’a atteint de tels sommets, pas même sous la politique de l’argent bon marché de Mario Draghi, le prédécesseur de Lagarde.
Le pied sur les freins ?
La BCE doit décider, lors de la réunion de politique générale d’aujourd’hui, du rythme auquel les achats de PEPP doivent se poursuivre. Une croissance monétaire débridée a pour effet secondaire une augmentation rapide des prix. L’inflation dans la zone euro augmente déjà plus rapidement que prévu. Selon la BCE, il s’agit d’un effet temporaire et il n’y a pas lieu de craindre une hausse trop rapide des prix.
La question sous-jacente est de savoir dans quelle mesure la zone euro a encore besoin des mesures de relance de la BCE, maintenant que les prévisions de croissance dans l’ensemble de l’union monétaire ont été revues à la hausse. Les campagnes de vaccination se déroulent sans encombre et les consommateurs comme les entreprises se tournent vers un avenir plus radieux.
Cet après-midi, Mme Lagarde donnera une conférence de presse sur les décisions monétaires et la BCE présentera également ses propres prévisions de croissance et d’inflation. Décrypter les déclarations de la président de la BCE va donner du boulot aux spécialistes. Les banquiers centraux utilisent délibérément un langage nébuleux afin de ne pas provoquer trop de mouvements sur les marchés financiers.
La banque ING s’est préparée minutieusement et a publié une matrice de décryptage détaillée, incluant l’impact possible des déclarations de Lagarde sur le taux de change euro-dollar.
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